Le sable du Touquet n’a jamais vu ça. Le 4 février 2024, au milieu du vacarme des moteurs et des bourrasques marines, un pilote attire les regards autant qu’il force le respect : Axel Allétru, 34 ans, ancien champion d’Europe de BMX, devenu paraplégique à 20 ans après un grave accident de motocross. Ce jour-là, il s’élance pourtant dans l’Enduropale, l’une des courses les plus extrêmes du monde. C’est cet exploit hors du commun que raconte Holeshot, un documentaire bouleversant signé Stéphanie Pillonca et Fabien Bouillaud.
La réalisatrice Stéphanie Pillonca signe avec Holeshot un documentaire à la fois puissant et intimement humain, dans la lignée de ses précédentes réalisations engagées. Depuis plusieurs années, elle donne une voix forte et sensible à ceux que la société a parfois tendance à oublier. On se souvient de Handigang (2022), fiction percutante portée par Théo Curin, ou encore de J’irai au bout de mes rêves, Je marcherai jusqu’à la mer, Apprendre à t’aimer, et le magnifique Invincible été qui suit l’histoire d’Olivier Goy, touché par la maladie de Charcot, autant de films qui interrogent avec justesse notre regard sur le handicap. À travers ces œuvres, Stéphanie Pillonca déploie un regard profondément respectueux, toujours à hauteur d’homme, et fait du récit de résilience une matière cinématographique habitée par l’espérance. Dans Holeshot, son approche sensible accompagne Axel Allétru sans pathos ni héroïsation excessive, mais avec une humanité rare, fidèle à son style : éclairer les failles sans jamais éteindre la lumière.
Ne jamais renoncer
Le titre est un symbole : en motocross, le holeshot, c’est l’avantage pris dans le premier virage. Pour Axel, ce virage est autant physique que spirituel. Fracturé, humilié, diminué ? Non. Ressuscité. Reconstruit. Relevé. Ce film de 90 minutes retrace un parcours où la souffrance devient appel, où la chute devient relèvement. Et c’est là que la trajectoire d’Axel interroge, bouleverse et édifie.
Au centre de rééducation, il aurait pu baisser les bras. Il choisit au contraire d’entrer dans la course de sa vie. « J’avais la conviction profonde que j’allais remarcher », confie-t-il. Une phrase simple, mais qui dit tout du combat intérieur de ce jeune homme : il a fait de sa faiblesse une force, de son handicap un tremplin. Et de sa douleur, un témoignage.
Une résilience incarnée
Ce documentaire ne cherche pas l’émotion facile. Il montre. Il écoute. Il prend le temps de capter la sueur, les doutes, les rechutes, les combats… mais aussi les victoires, petites et grandes. Axel n’est pas un « héros » lisse. Il est un frère en humanité, un homme avec ses colères, ses deuils, mais surtout une énergie sidérante et une capacité à pardonner à la vie ce qu’elle lui a pris. Lors de l’avant-première, son médecin de rééducation, le Docteur Khaled raconte : « Après un tel traumatisme, tous les patients traversent une phase de dépression, de révolte, de colère, mais pas Axel, c’est dingue ! C’est une exception parmi toutes les personnes que je soigne depuis 31 ans. »
Son parcours impressionne en effet : après l’accident, il devient multi-médaillé en para natation, participe au Dakar, et décide un jour de revenir à la moto, envers et contre tout. Jusqu’à ce jour historique où, sur les plages du Touquet, il franchit ce virage qu’on lui disait impossible.
Un message universel… et spirituel
Si Holeshot parle du handicap, c’est surtout un film sur le dépassement, la foi en l’impossible, et sur le refus de la fatalité. Un film profondément humain, qui résonne avec l’espérance chrétienne. Celle qui croit que rien n’est figé, que tout peut renaître. Que le relèvement n’est pas une option, mais un appel.
Axel Allétru le dit lui-même : « Mon corps est limité, mais pas mon esprit. Ce qui compte, c’est la direction que je choisis. » Et ce choix, il le fait chaque jour : se relever, inspirer, témoigner. Aujourd’hui, Axel consacre sa vie à porter ce message aux jeunes, aux blessés de la vie, aux milieux scolaires, aux entreprises.
Un message que résume parfaitement cette parole biblique, discrètement en filigrane du documentaire : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Corinthiens 12:10).
Et les paris fous qu’il se lance ne sont pas finis… preuve en est ce week-end : déterminé à se challenger, et à challenger une nouvelle fois les valides, c’est sur un vélo qu’Axel Allétru partira ce samedi 12 avril à l’assaut des redoutés pavés du Paris-Roubaix. Mais pour affronter ces 70 kilomètres, il ne sera pas seul ! Pour en faire un défi collectif, Axel a constitué une véritable équipe, un peloton de 150 personnes de tous horizons : athlètes, personnalités et partenaires engagés avec une ambition commune : faire bouger les choses. Parmi eux Brice Petit, ancien aventurier de Koh Lanta, Jérémy Nicollin, champion de France de javelot, Félix Radu, comédien…
Chaque kilomètre parcouru par un membre de l’équipe permettra de reverser 1€ à la Fondation de l’Institut du Cerveau d’Olivier Goy et participera ainsi à la recherche pour vaincre la maladie de Charcot.
À ne pas manquer. Holeshot, cet incroyable récit de vie, un cri d’espérance, et peut-être, pour certains, un appel à reprendre leur propre course. Même blessés. Surtout blessés !