Condamnée à perpétuité pour meurtre, Leila est mystérieusement libérée après seulement douze ans. Envoyée auprès d’un vieux pasteur luthérien aveugle et isolé pour être sa nouvelle assistante, elle devra répondre à l’abondant courrier qu’il reçoit chaque jour.

Avec Lettres à Jacob, le réalisateur finlandais Klaus Härö, nous prouve qu’au cinéma il est possible de faire parfois une œuvre d’art bouleversante avec presque rien. Une histoire simple, trois personnages loin des normes esthétiques habituelles, un décor hyper minimaliste, juste 75 minutes… des ingrédients qui pourraient vous donner envie de choisir l’autre salle… l’autre film… ou même encore de rester chez soi un dimanche après-midi de mars. Et pourtant !

Une force spirituelle étonnante émane de chaque instant qui s’écoule lentement. Dans cet exercice d’apprivoisement mutuel remplit de silences, de regards et d’aveuglement, se tisse une réflexion profonde sur des questions fondamentales de l’humain : les apparences, le poids du passé, la culpabilité, le pardon, l’espérance et la désespérance, la fragilité de la vie, la solitude et bien sûr la foi. On se sent porté par un souffle, une respiration. Sans doute celle véhiculée par les innombrables prières de pasteur Jacob pour toutes celles et ceux qui se confient à lui, tant concernant le plus grave comme ce qui pourrait sembler le plus insignifiant. Il y a d’ailleurs là une leçon qui nous est donnée : Tout est important et tout compte pour l’homme de Dieu et vraisemblablement pour Dieu lui-même. Et c’est là qu’apparaît précisément la puissance de ce qui est à la fois la colonne vertébrale, mais aussi la sève vivifiante. Je parle là de la grâce. Une grâce divine qui se transmet par la faiblesse de l’homme qui doute et pourtant croit. Une grâce contagieuse qui touche même l’incrédule qui voudrait fuir. Une grâce offerte même à celle qui n’en voulait pas !

Si Lettre à Jacob se construit dans la modestie (pourrait-on dire une forme d’austérité protestante ?) il n’en demeure pas moins que le film est magnifiquement mis en lumière par le réalisateur qui nous offre une superbe photographie souvent en clair obscur et fait de quelques rugueux mais lumineux paysage finlandais. La réalisation est simple mais soignée avec des cadrages précis et efficaces. Enfin la justesse des trois acteurs apporte une authenticité redoutable qui renforce l’effet émotionnel de ce récit initiatique.

Inondé par la grâce surabondante qui se déverse, on ressort enfin de la salle obscure éclairé de l’intérieur et avec une profonde envie de dire à tous : Ne vous en privez pas… c’est gravement bon !