On ne la présente plus. Rabbine, écrivaine, figure du mouvement juif libéral français, Delphine Horvilleur est une habituée des plateaux télés et radiophoniques. Sa parole apaise l’époque. Sa justesse surprend. Son recueil post-Covid, Vivre avec nos morts, a été vendu à 210 000 exemplaires. Pour cette nouvelle rentrée littéraire, Delphine Horvilleur présente un nouveau texte destiné à être lu sur scène : Il n’y a pas de Ajar : monologue contre l’Identité (Ed. Grasset, septembre 2022).
Ici, Delphine Horvilleur invoque Romain Gary pour lutter contre les « assignations identitaires ». Dans ce conte philosophique, la rabbine invente le personnage d’Abraham Ajar, qui serait le fils d’Emile Ajar, le pseudonyme de l’écrivain Romain Gary. Car selon Delphine Horvilleur, interrogée par FranceInfo, Romain Gary est « une clé pour nous aider à traverser ces temps d’obsessions identitaires ». Dans ce livre, il est question, entre autres, de l’univers de Romain Gary, de la Bible, de la mystique, de l’humour des juifs mais surtout des débats d’aujourd’hui.
Dans une interview donnée à FranceInfo, elle déclare :
« Il faudrait être aveugle pour ne pas percevoir combien, depuis quelques années, il y a de gens autour de nous obsédés par leur identité…, tout en étant incapable de la définir, mais qui la lient à quelque chose de leur origine, de leur naissance, de leur ethnie, de leur ‘race’, de leur genre, de leur ressenti. »
Sur France Inter, elle décrit l’identité comme « une idée morbide, une saloperie ».
« Elle l’est toujours quand elle convint quelqu’un qu’il n’est que ce qu’il croit qu’il est. Quand l’identité vous convint que vous êtes assigné à résidence, que vous n’êtes que votre ethnie, votre héritage », explique-t-elle. « Je vois aujourd’hui les conséquences de ces discours-là (…) Salman Rushdie disait que la simplification de nos identités nous amène à voir très vite en l’autre un ennemi et c’est ce à quoi on assiste aujourd’hui. À partir du moment où nos identités sont simplifiées, appauvries, l’autre devient très vite un ennemi qu’il nous faut combattre. »
Le texte a déjà été joué dans « seul en scène » aux Plateaux sauvages à Paris, du 19 au 29 septembre.