L’auteur, Patrick Chastenet, a écrit plusieurs ouvrages sur Jacques Ellul et raconté son compagnonnage fondamental avec Bernard Charbonneau. Cette fois-ci, il centre sa présentation sur Bernard Charbonneau (1910-1996), ses choix de vie, sa pensée et ses prises de position.
Dans une première partie, intitulée « le précurseur (français) de l’écologie politique », l’auteur décrit « la carrière à l’envers » de Bernard Charbonneau : son enfance à Bordeaux, sa découverte de la nature par le scoutisme protestant, sa participation avec Ellul aux groupes Esprit du Sud-Ouest, sa conviction que le sentiment de la nature est révolutionnaire, son refus d’enseigner dans les grands établissements pour s’installer dans la campagne béarnaise, sa relative discrétion entre 1939 et 1969, puis ses engagements à La Gueule ouverte, sa défense de la côte aquitaine, ses positions critiques envers les partis écologiques.
Ensuite c’est la pensée de Bernard Charbonneau que l’auteur cherche à approcher, avec ses positions qui peuvent apparaître parfois contradictoires. Par exemple sur la liberté définie comme la faculté « de s’enraciner dans un lieu plutôt que de se disperser en surface ».
Il s’attache ensuite à sa critique du totalitarisme industriel, mais aussi du tourisme de masse, des parcs nationaux qui permettent la dégradation des autres paysages, du bio marginal qui permet à l’agro-industrie de se développer…
C’est enfin une critique du développement exponentiel devant lequel il invite à se réformer soi-même avant de réformer le monde.
Un dernier chapitre est consacré à une autocritique du mouvement écologique, à l’appel à « la règle d’or de la volupté ascétique : le peu mais le bon », à une organisation en petites unités autarciques et autogérées.
La conclusion rappelle la préoccupation première de Bernard Charbonneau de susciter une « conversion écologique », seule à même de préserver de la catastrophe ou de la gestion autoritaire de la situation.
Il faut signaler que l’ouvrage est parsemé d’encarts – très intéressants – avec […]