Disponible sur Canal+, la série Iris, récompensée du prix de la meilleure série de 26 minutes au dernier Festival de la fiction de La Rochelle, est rapidement devenue un petit joyau télévisuel à ne pas manquer.
Institutrice et autrice en devenir pour la jeunesse, Iris (Doria Tillier) est à l’image des enfants : elle dit les choses comme elles sont et demande beaucoup « pourquoi ? ». Une mouche du coche qui insiste pour que les autres lui expliquent ce qu’ils trouveraient plus pratique de prendre pour acquis… En société, l’anticonformisme et la vérité plate ont vite fait de passer pour de la suffisance. Incomprise, Iris se sent moins seule quand elle rencontre Tom (François Morel), le mari de son éditrice. Et si lui était fabriqué comme elle ?
Un humour subtil et mordant
Dès les premières scènes, Iris captive avec une écriture ciselée et une maîtrise des dialogues où chaque réplique semble avoir été pensée pour provoquer le sourire, sinon un rire franc. L’humour qui traverse la série est particulièrement efficace par son sens du décalage. Les situations banales du quotidien sont poussées jusqu’à l’absurde, sans jamais paraître forcées. Les petits tracas de la vie moderne, les interactions sociales pleines de malentendus et d’ambiguïtés sont dépeints avec une telle acuité que chacun pourra s’y retrouver, tout en étant surpris par la manière dont la série sait retourner les codes habituels de la comédie. Cependant, derrière cette façade humoristique et l’apparente légèreté de certaines scènes, cette mini-série, faite de 6 épisodes, révèle une profondeur insoupçonnée.
Une série qui touche juste
Sa grande force réside dans sa capacité à alterner entre comédie et réflexion intime. Sous le vernis de l’humour se cache une grande subtilité dans l’exploration des thèmes universels tels que la solitude, l’incommunicabilité, le sens du travail, ou encore les relations amoureuses et familiales.
Chaque épisode devient une sorte de miroir déformant des angoisses modernes, de nos routines et de nos contradictions. La série ne cherche pas à offrir des réponses toutes faites, mais à poser un regard sensible et juste sur l’existence humaine, avec toutes ses failles et ses questionnements. Les personnages, même lorsqu’ils paraissent comiques ou ridicules, sont profondément humains, souvent traversés par des doutes, des regrets ou des désirs d’émancipation. C’est là que le scénario se distingue : il rend visible cette part intime de la vie qui, dans le quotidien, passe souvent inaperçue. Et pour y parvenir, Iris repose sur cette simple idée : pourquoi ne pouvons-nous pas dire simplement ce qui est ? Le personnage d’Iris ne cherche pas en effet à contredire pour le plaisir de contredire. Elle veut juste dire ce qu’elle pense.
Doria Tillier et François Morel : un duo de comédiens exceptionnel
Si la mayonnaise prend si bien, c’est en grande partie grâce à la qualité de l’interprétation. Doria Tillier, dans le rôle principal, incarne Iris avec une justesse épatante. Sa présence magnétique à l’écran mêle habilement dérision et fragilité. Tillier donne à son personnage une complexité qui transcende les situations comiques. Tantôt cynique, tantôt émotive, elle parvient à rendre crédibles et attachants les revirements de son personnage, qu’il soit en pleine ironie ou plongé dans une réflexion existentielle.
Aux côtés de Tillier, François Morel est, comme toujours, magistral. Le comédien, connu pour son talent de narrateur du quotidien et son humour pince-sans-rire, incarne ici un personnage subtil, en demi-teinte, à la fois tendre et désabusé. Ses échanges avec Tillier forment le cœur battant de la série, des moments de complicité qui oscillent entre rire et émotion. Leur alchimie est palpable à l’écran et donne une dimension encore plus humaine à l’intrigue.
Une mise en scène élégante
Enfin, il serait injuste de ne pas mentionner la mise en scène soignée. Les cadres sont toujours précis, mettant en valeur les détails du quotidien avec élégance. Chaque élément du décor, chaque interaction entre les personnages semble avoir été minutieusement travaillé pour renforcer l’idée que, derrière le cocasse, se cache une observation aiguisée de la réalité.
Iris est clairement une œuvre à la fois drôle, sensible et intelligente, portée par un duo de comédiens remarquables. En réussissant à allier légèreté et profondeur, humour et observation du quotidien, Canal+ nous offre ici une série qui marquera les esprits et qui incite à réfléchir autant qu’elle fait rire.
