Le propos du film est immédiatement provocateur. Traiter en farce du totalitarisme nazi et de l’holocauste, quel est le but poursuivi ? Certes, cela singularise l’œuvre malgré son sujet abondamment couvert ; mais cet objectif artistico-commercial peut-il servir aussi à dire quelque chose qui autrement ne pourrait l’être, ou pas si bien ?
C’est un regard enfantin qui nous guide tout au long de l’histoire, celui d’un gamin de dix ans à la fois conscient de sa puérilité – peu capable et vulnérable – et puisant dans l’idéologie raciste et nationaliste au pouvoir ce qui devrait lui servir de force et de moteur. Le surnom de ‘Jeannot Lapin’ qu’il gagne à ne pouvoir mettre à mort la petite bête (outre un clin d’oeil au transgressif Roger Rabbit) illustre bien la contradiction dans laquelle il se trouve piégé ; le mensonge lui sert souvent à en sortir.
Le contraste entre la violence prônée par le nazisme et l’innocence du petit adepte crée une tension généralement soluble dans le gag, ainsi que dans les vives couleurs de l’image, mais certaines scènes – comme les pendus en pleine ville, et l’affreuse découverte que fait Jojo la seconde fois qu’il passe là – obligent à quitter le registre de la fable pour toucher à l’horreur de la réalité. Face à celle-ci nous voici confrontés à la problématique des relations des adultes avec les enfants : chacun à sa façon les manipule, tantôt pour ‘leur bien’, tantôt pour celui de […]