Très affectée elle décide de rester à Madrid afin de se confronter avec son passé…

S’inspirant du genre mélodrame dont Douglas Sirk, le réalisateur américain, était le grand maître, Pedro Almodóvar s’est créé son propre style, adapté à sa culture et à son tempérament. « Filmer des sentiments, des visages et des corps qui les éprouvent et les vivent, et non pas des idées », on ne peut pas mieux dire concernant ses films. Ce sont les femmes qui tiennent le premier rôle (comme chez Sirk) et elles vivent des situations pathétiques. On se souvient de la mère dans Talons aiguilles et aussi celle de Tout sur ma mère. Julieta est la nouvelle créature féminine du réalisateur, femme volontaire, sensible, déterminée. L’actrice, Emma Suarez, est moins connue internationalement que Victoria Abril ou Penelope Cruz – mais elle est très appréciée en Espagne. La Julieta jeune, très belle, dégage une aura bien séduisante. Le cinéaste a insisté sur « le destin inéluctable et le mystère insondable de la culpabilité ». Julieta est assaillie par la douleur de l’abandon par sa fille, mais elle réagit en voulant lui expliquer ce qu’elle « n’avait jamais pu lui dire ». La lettre qu’elle lui écrit est un chant d’amour et une recherche d’authenticité. L’usage de la voix off entraîne une prise de distance qui est un frein à l’émotion du spectateur, mais les couleurs chaudes des images et la musique aux accents romantiques permettent de compenser le manque du délire qui avait tant marqué les films cités plus haut.[…]