Mais quel beau et grand moment de cinéma offert aux heureux bénéficiaires d’une place au Grand Théâtre Lumière pour la première mondiale de Killers of the Flower Moon, mais aussi aux privilégiés journalistes (que je suis) dans la salle Debussy ce samedi 20 mai.
Dans les années 1920, plusieurs membres de la tribu native amérindienne des Osages dans le comté d’Osage en Oklahoma sont assassinés après avoir trouvé du pétrole sur leurs terres. Le FBI mène l’enquête.
Le synopsis est évidemment on ne peut plus réducteur… comment résumer un Scorsese de cette trempe, de près de 3h30, en quelques caractères ? Allons donc un peu plus loin…
Killers of the Flower Moon traite en fait d’un type de gangstérisme que l’Amérique a longtemps refusé d’affronter, d’un effort organisé pour voler et massacrer ses populations indigènes à des fins lucratives.
En 1894, du pétrole a été découvert sur des terres appartenant à la nation Osage. Les Osages se sont assurés la propriété des droits miniers et sont devenus le peuple le plus riche par habitant de la planète comme le précise quelques lignes dès le début du film. Puis « les loups » sont arrivés… À l’aube d’un nouveau siècle, et pendant une période connue sous le nom du « règne de la terreur », des dizaines d’Osages ont été assassinés, leur part des droits pétroliers ayant été spoliés par héritage par des conspirateurs blancs qui s’étaient mariés avec des filles Osage.
Killers of the Flower Moon se concentre sur l’un d’entre eux, Ernest Burkhart, interprété par Leonardo DiCaprio, qui est arrivé à Fairfax, en Oklahoma, et a épousé Mollie Kyle (Lily Gladstone) sur ordre de son oncle, William Hale (Robert De Niro), véritable « parrain » manipulateur de cette organisation de réappropriation.
Lorsque Scorsese a commencé à adapter le livre de David Grann sur les meurtres d’Osage, en 2017, lui et le scénariste Eric Roth ont d’abord repris le point central de Grann : Tom White, l’agent du FBI chargé par J Edgar Hoover de résoudre le crime. Mais Scorsese s’est rendu compte que cela aurait fait de lui un héros qu’il n’était pas. Le film reste donc centré sur Mollie et Ernest, dont on dit qu’ils se sont aimés malgré tout…
Une interprétation de haute volée
Le casting est absolument génial avec, tout d’abord, un Leonardo DiCaprio, qui incarne un homme paradoxalement aimant, mais faible et immensément laid au plus profond de son âme.
Mais c’est Lily Gladstone qui constitue le centre de gravité du film. Elle offre l’une des performances féminines les plus poignantes de tous les films de Scorsese. Elle est d’une beauté sereine et empathique mais finalement pas si sainte qu’il n’y parait… Une formidable figure de proue tragédienne.
Et puis Robert De Niro, whatelse ?! Tout simplement merveilleux. Des décennies de travail avec Scorsese ont permis à ces deux-là de former un duo époustouflant.
Et enfin, Scorsese termine le film d’une manière tellement brillante – au lieu d’un de ces classiques textes qui disent simplement ce qui est arrivé à tout le monde, il invente un feuilleton radiophonique des années 20 dans lequel des acteurs racontent les destins des personnages, avec des bruitages manuels incomparables. Mais ce n’est pas tout à fait la fin… C’est un cercle de tambours indiens qui aura le dernier son. Chapeau Scorsese !
Sortie en salles le le 18 octobre avant diffusion sur Appel TV+