Les descendants du comte et de la comtesse ont versé aux Archives nationales 209 cartons de documents pour elle et 63 pour lui. Laure Hillerin s’y est immergée et elle ressuscite pour nous, à travers la vie des Greffulhe, une société brillante mais figée dans ses codes, ses habitudes, son luxe, et que la Grande Guerre va faire disparaître. Le grand art de ce livre est qu’il donne parallèlement à ce tableau objectif, en contrepoint, le regard fasciné et amusé de Proust. De cette société si brillante, la comtesse Elisabeth Greffulhe, par sa beauté, son intelligence, sa culture, ses dons musicaux, ses toilettes époustouflantes (et sa richesse), a été la reine.
Elisabeth de Caraman-Chimay, née en 1860, appartenait à la plus haute noblesse européenne. Son père le prince de Chimay avait eu une carrière de diplomate en Belgique, sa mère, avec qui Elisabeth entretint une relation fusionnelle, était une Montesquiou. Mais la famille était désargentée… C’est ce qui explique le mariage d’Elisabeth avec l’unique héritier d’une grande fortune, Henry Greffulhe, que les mauvaises langues appelaient « le veau d’or ». Son mariage ne fut pas heureux. Un monde séparait les […]