L’ouvrage ne cède pas à la mode : si depuis la fin de la guerre se construit une culture du dialogue, elle se présente comme une reconstruction, après le désastre, des possibilités offertes par la liberté retrouvée et la prise en compte de la Shoah. L’Église catholique se trouve elle-même amenée à réfléchir sur son attitude millénaire vis-à-vis des Juifs, ses clichés, ses qualificatifs inappropriés, l’attitude de Pie XII pendant la guerre, l’affaire Finaly comme perplexité à l’égard d’une protection intéressée des Juifs persécutés… C’est le Concile de Vatican II qui a ouvert des dialogues là où subsistait des contentieux moraux, théologique et sociologiques. Les Pères conciliaires se sont montrés ouverts à des réflexions qui, certes, n’ont pas toujours été unanimement acceptées, mais ont cependant abouti à une écoute positive. Ce fut au point que Vatican II a renoncé aux prières du Vendredi Saint pour la conversion des Juifs, qualifiés depuis des siècles de perfides.
Depuis l’œcuménisme et l’espoir déçu de voir les non-catholiques revenir dans le sein de l’Église de Rome, un autre thème a fait preuve d’une ouverture inattendue de la part des plus traditionalistes : le dialogue inter-religieux qui cette fois ne concerne plus ceux qui étaient considérés comme hérétiques, schismatiques, etc… mais les autres religions prises comme interlocuteurs témoins de leur propre expérience, histoire, langage… Découverte de l’autre et abandon d’une compréhension holistique (universelle, dogmatique, impériale) de soi. On retrouvera ici des textes inspirés notamment par la Fraternité d’Abraham de Louis Massignon, des […]