Théologienne catholique, Véronique Margron est présidente de la Conférence des religieuses et religieux de France (Corref), et auteure de nombreux ouvrages, dont le très remarqué, Un moment de vérité (2019) sur la question éminemment douloureuse des abus sexuels dans l’Église.
Dans La douceur inespérée, l’auteure nous livre une réflexion sur nos histoires d’amour, et ceci à partir de deux pôles : son propre itinéraire d’une part et quelques textes bibliques bien choisis d’autre part. D’aucuns s’étonneront qu’une religieuse écrive sur la vie affective, sur la sexualité… Le journaliste Frédéric Mounier, dans son avant-propos à cet ouvrage, souligne que l’écoute de V. Margron, son parcours riche de rencontres et son sens aiguisé des relations humaines, lui permettent de parler à bon escient de l’amour dans toutes ses dimensions. Et l’auteure d’interroger en effet les sceptiques de la manière suivante : « Est-il nécessaire d’avoir connu telle ou telle expérience sentimentale pour avoir légitimité à se prononcer sur les questions de sexualité ? N’est-ce pas notre commune humanité qui nous y autorise, nous y oblige même peut-être ? »
Les textes bibliques auxquels l’auteure fait référence sont tous retranscrits en fin de volume : le début de la Genèse (1-3), les dix paroles, huit chapitres (!) du Cantique des Cantiques, et la découverte du tombeau vide dans sa version johannique. Le titre de l’ouvrage se retrouve dans le fond et dans la forme : les commentaires des lectures de la Bible mettent, pour le fond, en évidence la douceur de Dieu, en particulier dans son « jour de repos », le septième, mais aussi dans sa manière de considérer les « dix paroles » comme une configuration qui dessine les contours d’un espace habitable, et souhaitable pour tous. À la douceur de Dieu correspond celle de l’humain sexué, et c’est de ce point de vue là que le parcours peut se tisser sur les plans horizontal et vertical. Du côté de la forme, c’est là l’originalité et la particularité de cet ouvrage, tout est dit en douceur sans que jamais ce soit lénifiant. L’auteure est manifestement une femme de grande ampleur, et elle le déploie dans une « douceur inespérée » qui fait admirablement écho au titre de l’ouvrage.
On notera aussi l’écho de cet ouvrage avec un autre livre paru en janvier 2021 aux éditions de l’Iconoclaste, Entrer dans la douceur. Pour en finir avec le cynisme, sous la plume de Jean-Claude Guillebaud, qui témoigne que la douceur peut devenir une arme de combat, et l’entraide briser la loi du plus fort.