Tandis que les nageurs, gymnastes et coureurs de fond suscitent l’engouement de nos concitoyens, d’autres athlètes arpentent la scène de l’été : les musiciens. Qu’est-ce qu’un festival de musique ? Une rencontre amoureuse dans un décor de rêve. Des mélomanes et des artistes se rassemblent dans un lieu patrimonial – abbaye, château, jardin de prestige. On peut regarder cette aventure comme un sourire adressé, moqueur, à la tragédie de notre monde. Mais c’est justement ce que l’on aime ici, cette pause que n’aurait pas désavouée la Du Barry : « encore un instant monsieur le bourreau ».
Des musiciennes protestantes au Nice Classic Festival
Jusqu’au 11 août, à quelques virages du Régina, l’hôtel où vécut Matisse, Marie-Josèphe Jude présente Nice Classic live, un festival épatant. Deux musiciennes protestantes et niçoises, Anne-Lise Gastaldi et Virginie Buscail, s’y sont illustrées en compagnie de leurs deux amies Diana Ligeti et Violaine Despeyroux. Grand succès pour elles. Cette semaine, on recommande le concert du 7, « La Schubertiade » – au cœur de laquelle une œuvre de la merveilleuse Germaine Taillefer trouvera sa place – l’hommage à Fauré le 9, et le concert des étudiants de l’Académie Internationale d’été de Nice, le 10.
Le son du piano à la Citadelle de Sisteron
Pendant ce temps, jusqu’au 12 août, la Citadelle de Sisteron laissera ses portes grandes ouvertes à quelques maîtres, au premier rang desquels William Christie, mais aussi l’excellent pianiste Eric Le Sage –aussi longtemps qu’il faudra nous le soutiendrons, scandalisés que nous sommes que cet artiste talentueux ne fasse pas encore la une des magazines, alors qu’une armée de gugusses (dont nous tenons la liste à la disposition de tous) provoquent l’extase des gogos.
Des concerts au Temple du Val-d’Aigoual
Mais la vie musicale, bien que royale à certains égards, ne cessera pas de vivre aux alentours du 10 août. A Valleraugue, chacun le sait, la saison fait vivre la musique en pays protestant. Dans le Temple du Val-d’Aigoual, se tiendront trois concerts imaginés par le Frédéric Chatoux, flûtiste super-soliste de l’Opéra de Paris : le 17 en compagnie de la guitariste et mandoliniste Camilla Finardi ; le 24 et le 25, un spectacle conçu collectivement par l’ensemble Canto Organo de Montpellier et des musiciens étudiants de la capitale.
La musique religieuse à l’honneur
A Vézelay, les Rencontres musicales se déploient dans le cadre de la Cité de la voix. Du 22 au 25 août, entre la Rome Baroque et la parade Basque, une conférence du musicologue Nicolas Dufetel (et de son confrère Guy Gosselin), les sublimes « Vêpres » de Monteverdi et la « Symphonie des Psaumes » de Stravinsky, les mélomanes en Bourgogne auront de quoi vivre intensément.
Dans le département de la Haute-Loire, la Chaise-Dieu vous donnera le tournis : Bach en majesté, le Requiem de Fauré – presque un oxymore quand on y songe puisque l’ariégeois ne croyait pas en Dieu – Mahler enfin.
Ce n’est rien d’égrener des programmes, et notre choix ne reflète qu’une part infime de la floraison musicale du moment. Ce qui frappe en revanche, toutes tendances confondues, c’est l’importance accordée par les organisateurs et les artistes à la musique religieuse. Une telle inclination s’explique par des critères pratiques – tous les musiciens peuvent la jouer du jour au lendemain parce qu’ils la travaillent depuis leur plus tendre jeunesse – et des raisons commerciales, puisque ce répertoire séduit davantage que les œuvres contemporaines. Des sociologues en tireraient d’autres leçons, suggéreraient d’autres pistes. En musique aussi, Dieu remporte la médaille d’or. Il ne serait pas dopé ?
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