Elle est organisée de façons diverses selon les pays. En France elle a débuté à la Révolution. Dans un premier temps, les clercs et les curés étaient payés par l’État. En 1905 la laïcité est devenue radicale, avec la séparation totale des Églises et de l’État. Un radicalisme dont la raison est politique : l’Église catholique n’avait cessé de combattre le pouvoir civil lorsque celui-ci avait adopté le régime républicain ; c’était donc une puissance à combattre. Cela ne voulait pas dire l’hostilité à la religion chrétienne, et d’ailleurs diverses exceptions à la règle furent adoptées. Notons des faveurs particulières aux catholiques, la religion dominante ; le régime spécial donné à l’Alsace-Lorraine lorsque celle ci-réintégra la France. Par ailleurs, l’exigence de neutralité absolue en matière religieuse n’est imposée qu’aux agents de l’État. Les simples citoyens ne sont pas empêchés de pratiquer publiquement celle qu’ils veulent, dans le respect naturellement des lois de l’État. Les États allemands adoptèrent au XVIe siècle un autre système : chacun adoptait le catholicisme ou le protestantisme, à son choix… et l’imposait à ses membres. Différence encore aux États-Unis où la séparation radicale de l’État et des religions n’empêche pas l’adoption d’un christianisme officiel, théoriquement acceptable par tout citoyen.
Par ailleurs, si le principe de la laïcité est simple, sa mise en pratique exige toutes sortes de règles que la loi se doit de fixer. En voici quelques-unes. Considère-t-on la laïcité comme virtuellement valable pour tous les pays ? En principe oui ; en réalité cela se révèle impossible. La difficulté majeure réside dans les pays musulmans où l’idée même de laïcité est refusée. En France, les problèmes que posent les citoyens musulmans, pour la plupart immigrés d’Afrique, sont connus de tous. Il s’agit surtout du débat sans fin sur le droit ou non des filles scolarisées de porter des signes religieux trop visibles, également du principe affirmé par des religieux que « la loi de Dieu » l’emporte sur celles de l’État.
Autres problèmes : La pratique religieuse est-elle admissible dans les lieux publics ? En France la réponse est oui, mais il y a des exceptions comme l’interdiction de cimetières confessionnels, l’interdiction aussi des appels publics à la prière tels que pratiqués en Algérie par exemple. L’école est le lieu de problèmes particuliers. Peut-on y parler des religions ? En France, nous avons varié sur ce point. Ainsi s’est-on rendu compte que le silence total était absurde pour une raison non pas cultuelle mais culturelle. L’État peut-il aider financièrement une école catholique qui assure un service public ? Sur ce point aussi nous avons varié.
N’imaginons pas, enfin, que, chez nous, l’État ne fait rien sur le plan religieux. Il a, bien sûr, un devoir de surveillance. Par exemple il veille à ce que notre législation ne fasse pas d’une caricature irrévérencieuse dans un journal un délit. Il a la responsabilité d’un système d’aumôneries dans les hôpitaux, dans certains lycées, dans les prisons.
Ce livre traite de ces diverses questions avec clarté et simplicité.