Le XXème siècle a été marqué par les crimes contre l’humanité et les génocides menés par le régime national-socialiste allemand. Le terme Shoah résonne encore aujourd’hui car il résume les affres d’hommes, de femmes et d’enfants soumis à une volonté assumée de les annihiler. Cette ignominie a été commise au nom d’une pensée dévoyée qui a puisé sa justification dans diverses idéologies ayant fleuri au cours des XIXème et XXème siècles. Ce sont ces idéologies mortifères qu’analyse ici l’historien Johann Chapoutot, à partir des diverses sources textuelles et une abondant littérature fantasmatique. L’auteur décrit ainsi les 3 fondements du nazisme, qui rappellent des fondamentaux biologiques : « procréer, combattre, régner ». La pensée nazie s’est nourrie de doctrines en circulation dans l’Europe de cette moitié de siècle mais elle y a agrégé ses propres convictions et sa mythologie.
Une conception biologique de la race
L’éclairage apporté par l’auteur révèle un aspect particulier de la philosophie nazie, empreint d’une conception biologique : le peuple germain en tant qu’organisme… Un organisme dont les membres ont été gangrénés par la mixité des sangs mais aussi dont la réalité profonde, intimement liée à la nature, a été totalement pervertie par le christianisme, émanation moderne du judaïsme. Le peuple allemand, germain, trouve ses racines dans un peuple pur, nordique mais les turpitudes de l’histoire l’ont dénaturé. Le projet nazi est donc de […]