Dans son dernier film, et sans doute le plus personnel, La main de Dieu, lion d’argent à la Mostra de Venise, qui représentera l’Italie aux Oscars, et néanmoins disponible seulement sur Netflix depuis le 15 décembre (eh oui il faut se faire à l’idée que le grand cinéma se regarde maintenant souvent sur petit écran) le réalisateur italien Paolo Sorrentino (La Grande Bellezza, Youth, This must be the place, The Young Pope…) nous entraine dans le Naples des années 80. Il nous y présente ce qui ressemble à sa famille, tentaculaire et turbulente, en plaçant une version adolescente de lui-même au centre. Charme, sensualité et émotions…
Naples dans les années 80. Fabietto Schisa, adolescent mal dans sa peau, vit avec sa famille excentrique et haute en couleurs. Mais son quotidien est soudain bouleversé lorsque Diego Maradona, légende planétaire du football, débarque à Naples et le sauve miraculeusement d’un terrible accident. Cette rencontre inattendue avec la star du ballon rond sera déterminante pour l’avenir du jeune homme.

Cette première heure du film est un vrai délice, avec ses réunions de famille endiablées où Fabietto (Filippo Scotti – un Timothée Chalamet à l’italienne), le propre alter ego de Sorrentino à travers lequel il recrée sa prime jeunesse dans la Naples des années 80, observe les gentilles invectives et les plaisanteries acerbes entre ses proches. Ces portraits sont fondamentaux pour comprendre le changement qui s’opère chez ce jeune homme jusque-là heureux et qui subit un drame qui change sa vie à jamais. Car, en effet, à mi-parcours, une tragédie familiale survient, et le monde de Fabietto est plongé dans le désespoir. « La réalité est nulle », déclare Fabietto, qui décide alors de devenir cinéaste pour créer une réalité qui lui convienne mieux.
« Le cinéma ne sert à rien »
Fellini disait que le cinéma ne sert à rien, mais qu’au moins il distrait de la réalité. C’est d’ailleurs ce que dit également l’un des protagoniste de l’histoire à un moment du film où il semble que cela n’ait pas une grande importance, et qu’il y a là un simple détail pour donner de la couleur à l’adolescence de Fabietto. 
L’époque est aussi importante. Nous sommes au milieu des années 80, et c’est toute l’ambiance générale qui s’en trouve marquée. Mais, plus encore, elle nous dit cette période remarquable dans la mémoire de Sorrentino où l’équipe de football de Naples va engager Diego Maradona. Le Dieu du foot qui, tel l’Esprit qui se meut à la surface de l’abime, imprègne la pensée du maître italien (on l’avait déjà aperçu dans Youth) mais aussi la totalité de son long métrage.
Alors oui, évidemment, La main de Dieu est un récit intime, un film à caractère autobiographique, mais il ne l’est pas seulement. C’est un film témoignage sur la naissance d’une vocation, ou, en d’autres termes, sur une façon de voir la vie.
