Compte-rendu de Dominique Viaux, paru dans la revue LibreSens n°235 de janvier-février 2018

« Là où le cœur attend » est une citation tirée du livre des Lamentations de Jérémie. Elle est la clé de ce petit livre, qui porte une méditation sur l’espérance, l’espérance et non l’espoir. Tout l’effort de l’auteur a été de retracer par quel chemin il est passé du désespoir, du chagrin, de la déréliction à l’espérance. Comment traduire cette démarche existentielle ? Il n’y a là rien d’un exposé didactique, d’un cours de théologie, ou de l’étude bien ficelée d’un thème accrocheur.

Dans le scandale, le paradoxe, l’ironie, la faiblesse, l’attente, la patience… ainsi se découvre l’espérance. L’espérance est le combat de celui qui affronte la radicale incertitude de l’existence et qui tient au plus profond de l’épreuve le haut de la situation. Car « le réel qui ne se laisse pas saisir est le lieu imparfait de notre espérance », « l’espérance est ce que nous possédons quand tout nous possède et nous écrase », « le temps de l’espérance est le présent » et non un futur brumeux et radieux. L’espérance inquiète notre temps, un temps qui est également sans louange et sans merci, parce qu’elle est un non-savoir et parce qu’elle est contraire à la possession. Parce qu’elle est fondée sur une parole de gratuité, ce qui interroge une certaine organisation du pouvoir et de l’économie du monde. L’espérance est reliée à la dignité de la personne et de toute vie temporelle : dans l’Épitre aux Hébreux, l’espérance qui est confessée et reconnue est l’objet d’une affirmation de soi […]