Un film pour célébrer l’amour, mais pourquoi faire simple ? Claude Lelouch se donne ici le droit d’ouvrir un retable, une comédie (pas si dramatique) en 3 actes dont L’amour c’est mieux que la vie n’en serait que l’ouverture, mais aussi toute une Histoire qui précède et qui, de-ci de-là, apporte quelques images, quelques notes, et comme un lien divin à son histoire.

Les trois A : L’AMOUR, L’AMITIÉ et L’ARGENT sont les trois principales préoccupations de l’humanité. Pour en parler le plus simplement possible, Gérard, Ary et Philippe ont fait connaissance il y a 20 ans, à leur sortie de prison, et se sont tout de suite posé la vraie question : Et si l’honnêteté était la meilleure des combines ? Aujourd’hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux… Mais Gérard apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Le sachant condamné, Ary et Philippe veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour… car Gérard a toujours répété que l’amour c’était mieux que la vie.

Avec Lelouch tout est possible… à la fois ne pas être surpris par un style, une thématique, une ambiance, mais aussi se laisser embarquer et chavirer par la beauté et l’authenticité d’un scénario et de personnages qui transpirent le naturel. Et de là permettre aussi une certaine folie où un Jésus danse avec ‘une’ diable, ce même Jésus (ou ‘une’ autre) fait des farces à deux policiers dépassés, entre par la gauche dans un taxi et revient par la droite dans la peau d’un médecin du Samu. Une audace qui autorise des autocitations ou l’utilisation d’images de films et de héros passés qui viennent s’intégrer comme des archives d’une histoire qui s’écrit sur l’écran. Une maitrise qui joue sur les répétitions pour dire encore et encore un message universel qui pourra sembler convenu à beaucoup mais qui pourtant… reprend les codes d’anciennes paroles : Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour ; mais la plus grande des trois est l’amour. Tout ça pourrait sembler fou et peu convaincant, mais avec ce Lelouch la magie opère à merveille ou plutôt le miracle de l’amour et d’un Dieu auquel il semble vouloir croire de plus en plus, comme le dit pour lui son Gérard (Darmon) dont les jours sont malheureusement comptés, car si l’amour est fort, la vie n’est pas éternelle ici-bas.

Ni trop court ni trop long, dans un véritable équilibre permanent, avec une certaine perfection continuelle, tant technique qu’artistique et narrative, avec aussi gravité et sourire, L’amour c’est mieux que la vie est un vrai joli moment de cinéma qui fait beaucoup de bien, je dois dire, et qui offre, pour ceux qui le veulent, une certaine porte ouverte à une réflexion plus poussée. Car ici, ce sont certaines des colonnes de l’existence humaine avec lesquelles Lelouch joue une fois de plus : les trois A évoqués dans le synopsis officiel, mais aussi le sens de la vie et l’approche de la mort, un rapport au destin, à la foi, au miracle possible. On y parle d’honnêteté dans les affaires comme dans les sentiments, de fidélité, de liens aux anciens, aux parents, et donc aussi d’héritage… et puis de rêve.

Et Lelouch termine justement en nous faisant nous aussi rêver. Rêver que les impondérables ne viennent pas gâcher ce fou et doux projet que deux autres actes prévus encore puissent venir nous raconter la suite avec les uns et les autres, ces mêmes acteurs et de nouveaux encore… avec un homme et une femme… car, oui, l’aventure c’est l’aventure ! Alors nous partons maintenant mais nous espérons y revenir très vite.