Tout commence par la construction du Transpyrénéen, à l’origine de la mise en valeur du domaine hydroélectrique de ce territoire de montagne, à la topographie idéale, traversé par le gave d’Aspe. L’exploitation de cette ressource énergétique, « la houille blanche », va entraîner de grands travaux d’aménagement, d’Urdos à Oloron, essentiellement exécutés au cours du premier tiers du XXe siècle, entremêlant acteurs et entreprises de cette épopée ferroviaire et hydraulique. Cet ouvrage propose de découvrir les grandes étapes…

Après avoir raconté l’aventure du transpyrénéen, Régine Péhau-Gerbet qui enseigna au collège de Bedous, s’est intéressée à l’équipement hydroélectrique de la vallée d’Aspe. Ce sujet peut paraître limité mais cette petite histoire locale rejoint la grande histoire, celle de l’industrialisation de la France.

Oloron-Sainte-Marie devient en 1887 une des premières villes de France électrifiées et va se développer avec l’arrivée, en 1883, du chemin de fer. Électrification et chemin de fer sont liés. Et la houille blanche au début ne va que peu servir à réactiver les petites industries rurales qui ont essaimé le long du gave, telle la soixantaine de moulins à eau (essentiellement pour moudre le grain), qui travaillent la laine, le cuir et autre comme la fabrication à Osse-en-Aspe de cruches en bois cerclées de cuivre qu’on appelle pégarra ou herrades, dont parle le géographe Robert Plandé.

L’arrivée du train dans la vallée – il est à Bedous en 1914- puis son prolongement en Espagne, à Canfranc, constituent une forte demande en énergie pour l’installation des chantiers et le forage des tunnels. La Compagnie des Chemins de fer du Midi va jouer un rôle pionnier dans l’équipement hydroélectrique de la vallée. Dès 1909, une usine électrique est installée aux Forges d’Abel, à l’emplacement de l’ancienne fonderie abandonnée depuis la mort d’Abel en 1855.

Grâce à des cartes, des plans, de très nombreuses photos, l’auteur décrit comment s’est construit l’important équipement électrique de la vallée. La Première Guerre va lui donner une impulsion nouvelle ; l’industrie du nord de la France étant perdue à 75% par suite de l’occupation allemande et des destructions, l’État passe largement des commandes à toutes les industries d’armement françaises dont les pyrénéennes. Parmi elles, l’Arsenal de Tarbes dont les obus sont usinés dans la vallée, à Eygun. Au lendemain […]