Le sport en général, et le football en particulier, saturent notre espace et notre temps. Impossible d’échapper à l’engouement pour ce spectacle devenu « bruit de fond planétaire » – et les mois qui viennent ne vont rien arranger. Pourtant, rares sont les analyses en profondeur d’un tel phénomène.

  1. Le football une puissance spirituelle

Le football a installé sa demeure au centre de la vie. Comment l’expliquer et rendre compte d’un tel attrait ? Pour Robert Redeker, le football est la « fable du monde moderne », c’est-à-dire qu’il raconte ce que nous sommes devenus. Il faut apprendre à le lire, et découvrir ainsi la vérité qui s’y cache.

La particularité du football est d’être un condensé de l’idéologie libérale ; il reflète et intensifie «le fanatisme de la concurrence, de la compétition et de la performance ». En ce sens, il n’est pas un divertissement, au sens pascalien du terme. Chez Pascal, le divertissement était la fuite de l’homme hors de sa condition misérable ; à l’inverse, le football ne propose ni oubli ni alternative à la société marchande ou à la violence des relations dans le monde du travail ; au contraire, il l’intensifie, la célèbre et la justifie auprès des masses.

L’auteur dépasse ainsi une critique traditionnelle du football « opium du peuple ». Certes le voici devenu le cœur d’un système qu’il irradie de son […]