Un astrologue avait prédit que cette enfant aurait un destin hors du commun et il ne s’était pas trompé. Sa mère ne s’étant jamais préoccupée d’elle, l’enfant solitaire se créa un monde imaginaire qu’elle finit par découvrir dans la réalité. Pour son bonheur, son père fut toujours à ses côtés et l’encouragea dans ses rêves. Protestant, socialiste et franc-maçon, il fit carrière dans le journalisme mais fut exilé lors du coup d’État de 1851.

Alexandra découvrit avec ravissement le musée Guimet, et son rêve fut dès lors de connaître les cultures orientales et en particulier le bouddhisme, auquel elle finit par se convertir. Elle quitta la France après la mort de son père, en 1911, et son premier contact avec l’Asie fut Ceylan. Ce furent ensuite Calcutta, le Népal, le Tibet, le Japon, la Chine… « On annonce qu’un Française, Mme Alexandra David-Néel, est parvenue à entrer dans Lhassa, ville interdite aux étrangers ». Ce ne fut pas le seul lieu interdit où elle parvint à pénétrer, généralement bien accueillie par des diplomates ou des dignitaires locaux. A Bombay, elle fut fêtée comme une célébrité, et quand elle rentra en Europe en 1924, elle fut acclamée comme une héroïne nationale.

En 1926, elle connut son apothéose au musée Guimet… la boucle était bouclée. « La Française la plus remarquable de notre temps », selon les journaux, avait réalisé ses rêves les plus fous.

Elle fit connaître le bouddhisme auquel elle était particulièrement attachée, ainsi que d’autres aspects de la culture asiatiques qu’elle révéla par ses conférences et par ses livres.

Elle eut la chance, bien que femme, d’être toujours prise au sérieux, car son érudition était sans égale.