Le procès du chien est centré sur Avril Lucciani (Laetitia Dosch), une avocate suisse idéaliste de la défense des animaux, mais qui n’a jamais réussi à s’imposer. Malgré les directives de ses supérieurs qui lui demandent de s’occuper d’affaires plus sérieuses, Avril accepte de représenter Cosmos (Kodi), un chien accusé d’avoir mordu trois femmes. L’une d’entre elles, Lorene (Anabela Moreira), une femme de ménage portugaise, a subi de graves cicatrices au visage. Le propriétaire de Cosmos, Dariuch Michovski (François Damiens), est un marginal acariâtre qui risque des poursuites judiciaires, alors que Cosmos risque d’être abattu. Avril défend Cosmos en faisant valoir que le chien est une entité autonome qui devrait être jugée en tant que telle, ce qui fait de ce procès la première procédure judiciaire intentée contre un animal depuis le Moyen-Âge. Alors que l’affaire attire l’attention et devient une cause nationale, Avril se rapproche de Cosmos et du maître-chien Marc (Jean-Pascal Zadi).
Le statut des chiens dans nos vies
Les chiens occupent une place unique, parfois presque sacrée, dans nos vies. Ils ne sont pas techniquement humains, mais ils incarnent des qualités – loyauté, affection, intelligence – qui résonnent en nous à un niveau profondément humain. Pour certaines personnes, ils font même partie intégrante de la famille.
Si Aristote avait relégué les animaux au rang d’êtres dépourvus d’âme rationnelle, quiconque contemple les yeux d’un chien comprend qu’ils reflètent tellement plus. Peuvent alors se poser toutes sortes d’interrogations. Les chiens sont-ils plus que de simples « objets » que l’on possède ? Doivent-ils être considérés de la même manière alors que nous, en particulier pour les questions de droit ? Les animaux peuvent-ils être jugés par un tribunal indépendamment de leur propriétaire ? On peut d’ailleurs penser à certains faits divers où des chiens (et d’autres animaux) se sont retrouvé au centre de procès, même si les propriétaires étaient surtout concernés… C’est donc ce qui a inspiré l’actrice Laetitia Dosch pour devenir primo-cinéaste.
Ce débat philosophique sur les animaux est ainsi au cœur de cette délicieuse et excentrique comédie en forme de drame judiciaire, tout en élargissant habilement son sujet dans de nombreuses autres directions.
Car, derrière le pitch quelque peu farfelu, se tapissent des sujets sérieux, comme la violence animale, l’écologie, le doute, la recherche de soi, l’éthique, la place des femmes et même certaines postures politiques populistes.
La palm Dog pour le chien du film
Laetitia Dosch a su en plus s’entourer d’un casting tout à fait adapté aux propos avec notamment François Damiens, Anne Dorval et Jean-Pascal Zadi. Mais la plus remarquable performance revient clairement au chien Kodi dans le rôle de Cosmos. La palette expressive de Kodi, des regards pleins d’âme aux cabrioles, ajoute une couche de profondeur émotionnelle au débat central du film. Il n’est donc pas surprenant que Kodi ait remporté cette année la Palm Dog, le prix convoité décerné chaque année à Cannes à la meilleure performance canine. Dans le film, Cosmos est aussi adorable que possible, bien qu’au cours de l’enquête judiciaire, on découvre tout de même qu’il a tendance à s’énerver contre les personnes qui se mettent en travers de son chemin et de sa nourriture. Ce qui peut paraitre assez normal pour un chien. Mais parviendront-ils à convaincre un tribunal suisse que cela ne le rend pas dangereux ? Et pourront-ils attendrir l’avocate très narcissique de la femme qui a été mordue ?
Le procès du chien joue très clairement la carte de la dérision mais ne croyez pas que la stupidité l’emporte car, au contraire, il pose des questions réellement pertinentes sur la société occidentale. Il faut, par exemple, un psychiatre, un pasteur et un rabbin pour déterminer la profondeur des ravages que Cosmos est « heureux » de faire…
Mais Laetitia Dosch ne perd jamais de vue la gravité de l’affaire et parvient même à nous émouvoir avec cette fable animalière aux accents politiques.