Une collection de magnifiques œuvres d’art qui vient illustrer le rapport complexe des Égyptiens face à la vie éternelle.
Certains se souviennent peut être de l’exposition originelle de 1967 où Toutânkhamon (plus précisément sa momie) avait été reçu avec tous les égards dus à un chef d’Etat. Au moment où l’Egypte célèbre le centenaire de la découverte de sa tombe, le musée du Caire est en cours de complète réorganisation. En attendant la fin des travaux, prévue pour 2022, le pharaon fait une tournée mondiale et s’arrête à Paris avec 150 objets, dont 60 n’avaient encore jamais quitté l’Egypte.
Par delà la vie et la mort…
Un règne court, un souverain insignifiant : jamais Toutânkhamon ne serait passé à la postérité si son tombeau n’avait pas été le seul à avoir été découvert quasiment intact, rempli de multiples objets supposés l’accompagner dans l’au-delà. Il est aussi le fils d’Akhenaton, pharaon controversé qui voulut substituer au culte d’Amon et des autres dieux celui d’Aton, un soleil tout-puissant annonciateur du monothéisme. Certains romanciers n’ont d’ailleurs pas craint de vouloir faire se rencontrer Moïse et Akhenaton… Dès la mort de son père, Toutânkhaton (son nom initial, qui signifie image vivante du dieu Aton) fut renommé par les prêtres d’Amon, redevenus influents. L’exposition propose un véritable voyage dans le temps par le biais de vidéos sur grand écran. Le visiteur est transporté sur le site du tombeau dans la Vallée des rois puis à un retour en arrière, jusqu’à entendre la voix du grand prêtre d’Amon raconter des épisodes de la vie du pharaon et des conditions à remplir pour permettre son passage vers l’éternité. C’est à ce moment que les portes s’ouvrent et que la première vitrine s’offre aux regards. Chaque section de l’exposition est ainsi encadrée par des textes et des vidéos qui doivent faire comprendre le sens des rites et rendre aux objets exposés leur signification religieuse.
… A la recherche de l’éternité
Comme l’âme du défunt, le visiteur franchit plusieurs étapes grâce aux objets réunis par les prêtres. Pour lutter victorieusement contre les gardiens des portes qui gardent l’accès à l’autre monde, des armes de cérémonies sont exposées : bouclier, arcs et flèches, poignards. Le roi est aidé par les animaux et les dieux, représentés par plusieurs statues. Un superbe gardien en bois peint et doré garde le passage vers la salle suivante, qui recèle des trésors et les représentations de personnages qui doivent servir le pharaon dans l’autre monde. Une projection détaille les rituels qui entourent l’enveloppement de la momie et la conservation du coeur, seul organe laissé intact. Et après ? Fils d’un pharaon hérétique et dernier de sa lignée, les prêtres n’ont pas accompli pour lui les rituels après sa mort, remplaçant son nom dans les cartouches. Un dernier écran attire alors l’attention avec l’histoire de la découverte du tombeau et une dernière statue colossale montre Toutânkhamon tel qu’il aurait probablement aimé être vu. Finalement, le pharaon a réussi à atteindre l’immortalité : son nom est redevenu très célèbre, plus de 3 000 ans après sa mort. Une visite à ne pas manquer, avant le retour définitif du trésor en Egypte.