Klemperer montre que le langage que l’on utilise met à jour ce que l’on veut délibérément dissimuler aux autres et à soi-même tout en le portant en soi inconsciemment. Ainsi, Victor Klemperer a relevé la fréquence de l’usage de « absolument pas question » (ce qui interdit de demander des explications), « pas de pourquoi ! » « rayé de la carte », « fanatiquement allemand », « total » (maître mot du totalitarisme), tout ce vocabulaire ayant pour propos de censurer, de castrer ou d’orienter les émotions.

Mais Klemperer a aussi rédigé un journal clandestin entre 1933 et 1945 (Mes soldats de papier, Journal 1933-1941 et aussi Je veux témoigner jusqu’au bout, Journal 1942-1945, tous deux édités au Seuil en 2000). Et c’est ce Journal que commente le livre de Georges Didi-Huberman. 

Dans ce Journal, Victor Klemperer s’attache, lui, à l’analyse de ses […]