C’est cette « hypocrisie sociale » qui révulse l’auteur, l’écart entre le discours et la réalité.
À la Troisième République on doit l’école primaire laïque, gratuite et obligatoire, jusqu’à 12 ans avec le certificat d’étude ou 13 ans sans. C’est l’école du peuple. La bourgeoisie suit un enseignement primaire parallèle, mais dans un « petit lycée », avec ses classes numérotées 11e pour le CP, 10e (CE 1) etc… qui mène tout naturellement au secondaire avec la 6e et le latin. Les enfants du peuple qui ont manifesté des capacités sont orientés, après le certificat, vers le Primaire supérieur ou l’École normale primaire. Rares sont ceux qui ont sauté la barrière et qui sont passés du primaire au secondaire. Bien sûr on va citer Péguy, Camus, Guéhenno…
L’histoire de l’Instruction publique française au XXe siècle, c’est l’ouverture du secondaire à un nombre croissant d’enfants et parallèlement les stratégies variées déployées par la bourgeoisie pour garder sa progéniture à part, dans des filières propres. Ferdinand Buisson, déjà avant 1914, stigmatisait cette attitude : « Les riches sont les seuls, ou presque, détenteurs des moyens d’instruction nécessaires pour constituer une classe dirigeante » et il opposait les 200 000 élèves du secondaire à la masse du primaire. Aujourd’hui […]