D’où vient que Rose-Marie Pagnard, en quelques mots, nous agrippe ? Elle n’a pas le grand lyrisme de Chateaubriand, la méchanceté d’un Céline ou la rouerie d’un Jules Romains. Non bien sûr. Mais elle possède l’art de l’insolite et de la fantaisie. Au plus haut degré. Quand l’ordinaire menace, la romancière oppose à la fatalité l’inattendu, des sourires ou de la brume. Et le tour est joué. Le nouveau livre de Rose-Marie Pagnard, L’Enlèvement de Sarah Popp, met en scène une femme de lettres suisse, piégée par la neige en Lituanie. L’héroïne, invitée d’un festival de littérature, découvre en effet que son avion de retour ne pourra pas décoller. Va-t-elle bourlinguer, semblable à son illustre précurseur de La Chaux-de-Fonds ? Voir. D’abord elle cherche à joindre Tobie, son amoureux, pense à Matild, sa fille. Et puis elle part à l’aventure. Tout cela pourrait tourner au banal. C’est sans compter – sans conter ? – l’arrivée de monsieur Anders. « Le hasard paraît si énorme parce qu’il ne s’agit pas du tout d’un hasard », prévient Rose-Marie Pagnard au […]