Depuis la mort d’Élisabeth Ire en 1603, c’est Jacques Ier qui est roi d’Angleterre. Plus proche parent de la reine morte sans enfant, Jacques Ier est le fils de Marie Stuart, et a d’abord régné en Écosse sous le nom de Jacques VI. Élevé dans la religion presbytérienne (John Knox, calviniste, a été l’évangélisateur de l’Écosse), il s’est converti à l’anglicanisme pour pouvoir régner en Angleterre. Il se montre peu clément devant les formes de dissidences religieuses qui se développent, en particulier le puritanisme. Sans former une Église, ce courant religieux influencé par le calvinisme juge les anglicans trop proches des pompes et de « l’idolâtrie papiste ».

En 1620, un groupe de puritains souhaite échapper aux persécutions et décide de quitter leur pays pour s’installer en Amérique du Nord, un territoire qui n’a été pratiquement pas colonisé, sauf par quelques Français et Hollandais.

Les pères pèlerins

Deux bateaux sont armés, mais l’un doit faire demi-tour en raison d’une avarie. Finalement, c’est le seul Mayflower qui parvient à accoster après 65 jours de mer avec 102 personnes à bord, dont 35 « pères pèlerins ». Ils se sont ainsi appelés pour souligner le caractère définitif de ce départ. La petite communauté doit donner naissance à une nouvelle Jérusalem, sous une stricte observance des commandements bibliques. Ils donnent même une
grande solennité à leur accostage en co-signant « le pacte du Mayflower » (Mayflower compact) qui règle leur nouvelle vie et sera une des sources d’inspiration de la Constitution des États-Unis un siècle et demi plus tard, en 1776.

Thanksgiving

Arrivés le 16 novembre dans un lieu qui sera baptisé Plymouth, non loin de l’actuelle ville de Boston, c’est peu dire que le moment est mal choisi en raison des hivers très rigoureux de la côte nord-est américaine. Leurs tentatives de plantation échouent, sans parler des rudes conditions d’une installation rudimentaire. Le premier hiver est terrible, entre la faim et les maladies qui tuent la moitié de la colonie. Ce sont les Indiens iroquois qui leur montreront comment cultiver des légumes inconnus comme le maïs ainsi que leurs techniques de chasse et de pêche. À l’automne suivant, en remerciement aux Indiens et pour rendre grâce à Dieu, les pères pèlerins célèbreront leur premier Thanksgiving.

Large postérité

Il n’est pas aujourd’hui un Américain qui ignore l’histoire du Mayflower et de Thanksgiving, une des fêtes les plus importantes des États-Unis à l’égal de Noël, où toutes les familles se retrouvent pour un repas particulièrement copieux. Les descendants des pères pèlerins sont considérés comme une véritable aristocratie, quintessence des Wasp (White anglo-saxons protestants). Huit présidents des États-Unis descendent de l’un d’entre eux, dont les Bush. Les valeurs des puritains à base de crainte de Dieu, moralité et travail, sont toujours mises en avant pour justifier le caractère particulier des vertus de la nation américaine.
Le pays est devenu plus divers en raison des vagues d’immigration successives, mais reste marqué par ce socle fondateur. Il ne faut cependant pas oublier les grands perdants de l’histoire : les Indiens. Après avoir sauvé les colons, ils ont été pourchassés, dépossédés de leurs terres et vivent aujourd’hui (pour la minorité qui a survécu), parqués dans des réserves.