Elle devient plurielle pour le nouveau film de Roberto Andò – déjà en salles – avec le brillant Toni Servillo qui fait face à Daniel Auteuil, pour revenir au singulier le 8 mars dans un film de Nicolas Boukhrief, avec notamment Romain Duris et Marine Vacth dans les rôles principaux.
Concentrons nous aujourd’hui sur le premier – Les confessions – qui, au travers de ce sacrement dans la religion catholique ou orthodoxe, aborde différentes thématiques comme la culpabilité, le silence et le pouvoir.
Daniel Roché (Daniel Auteuil), Directeur du FMI, organise un sommet du G8 avec les différents ministres de l’économie dans un hôtel en Allemagne. Ils s’apprêtent à adopter secrètement une mesure qui aura des conséquences dramatiques pour certains pays. Parallèlement, Daniel Roché invite une célèbre écrivaine (Connie Nielsen), une rock star (Yohan Huldenberg) et un moine (Toni Servillo) pour fêter son anniversaire. Le week-end tourne au tragique lorsque le directeur du FMI est retrouvé mort dans sa chambre. On découvre vite qu’il s’est livré à des confessions avant de mourir. Un terrible climat de doute, de suspicion et de peur s’installe alors…
C’est avec lenteur et retenue que nous suivons ce moine interprété avec brio par un Toni Servillo qui confirme là encore, s’il en est besoin, un immense talent. Un moine qui n’est à priori pas à sa place au milieu de ce nid de vipères qui jouent avec l’avenir du monde, qui se payent les pauvres dans le secret et qui finalement sont pétries d’une paranoïa très égocentrique. Un moine qui n’est pas à sa place non plus dans cet univers de luxe qui l’accueille. Un moine qui a fait vœu de silence et que l’on veut néanmoins faire parler coute que coute… Les confessions jouent avec ces paradoxes, avec ces oppositions qui amènent notamment ce personnage totalement décalé dans ce tableau très malsain à prendre le premier rôle mais sans entrer dans le jeu de ce que l’on voudrait lui faire interpréter. Il reste lui-même, livre parfois quelques mots mais comme des perles de grand prix et avance à son rythme même quand les événements voudraient le faire accélérer et entrer dans la danse…
Concernant ces paradoxes, le réalisateur Roberto Andò explique très bien comment le sens du secret est au cœur de son film et manifeste en lui même certaines oppositions : « Le secret et son gardien sont les éléments clés du pouvoir. Un pouvoir qui s’isole et qui ne communique pas est nécessairement métaphysique et cela malgré lui. De ce fait, il existe deux idées du secret : celle indescriptible et arbitraire du pouvoir économique et celle qui, à travers le secret, défend le droit à une défense humaine de la liberté personnelle, d’un espace dans lequel chacun peut être libre des autres : l’espace de la conscience. En ce sens, la confession est une institution de l’Eglise très précieuse, parce quelle protège la dignité de la personne, son inviolabilité. En dépit de cela, le christianisme est une des religions qui ne s’appuie pas sur le secret. Jésus dit : « J’ai parlé clairement au monde, je n’ai jamais parlé caché mais toujours en public, au meilleur des gens ». Une grande leçon. »
À l’image de ces paroles, Roberto Andò maîtrise parfaitement son film pour en faire un réquisitoire sévère contre une certaine oligarchie mondiale. Mais à l’image de notre homme d’église, héro silencieux poétique et énigmatique, il le fait avec sophistication et subtilité (même si certains clichés n’ont pas été évités… sans doute volontairement pour amplifier l’effet farce de ce G8 détestable).
Pour ne pas gâcher le petit côté « thriller » aussi présent dans Les confessions, je n’en dirai pas plus sur le déroulement et la finalité. Et je préfère terminer avec ces mots de Toni Servillo expliquant pourquoi il a « immédiatement adoré » ce rôle de moine : « C’est un film qui donne encore une chance au bien, dans un monde confus, désorienté. Il met en valeur des sentiments que nous attribuons habituellement à la religion comme la pitié, la disponibilité, l’écoute, la compassion, des valeurs que le monde laïc a complètement oubliées et que nous devrions remettre au centre ».
Les confessions n’est évidemment pas pour moi le chef d’œuvre de l’année mais ce film nous offre un bon moment de cinéma, agréable et intelligent.