Rires et émotions imprègnent le Grand Théâtre Lumière avec Les feuilles mortes (Kuolleet lehdet). Le bonheur est en salle… cours-y vite (enfin dès le 20 septembre pour tout le monde !).
Ansa (Alma Pöyst), une femme célibataire, vit et travaille dans un supermarché à Helsinki. Une nuit, elle rencontre Holappa (Jussi Vatanen), un ouvrier tout aussi solitaire et alcoolique. Malgré l’adversité et les malentendus, ils tentent de construire une relation.
Une douce romance, comme un tableau de Monnet, comme un titre de Dylan, une chorégraphie d’Alvin Ailey ou une œuvre de Claudel… celle, qui se joue entre deux solitaires, racontée par le cinéaste finlandais, et qui vous remplit d’un sentiment intense de bien-être, alors que paradoxalement se raconte à la radio la guerre en Ukraine et par extension la menace de Poutine qui pèse sur le pays.
« Il n’y a plus beaucoup d’humanité dans le monde, mais c’est tout ce qui nous reste », a déclaré plus tard Kaurismäki pendant la conférence de presse. Et de l’humanité, on en ramasse à la pelle, comme on dit, dans cette une heure vingt pétrie de poésie et de tendresse. C’est une histoire en plus extrêmement amusante et à la fois touchante, dans un équilibre parfait, avec un sens de l’autodérision tout à fait remarquable.
Les feuilles mortes est parsemé de références cinématographiques classiques, certaines sous forme de franches plaisanteries, d’autres, plus subtiles, comme des délicates touches qui viennent comme des clins d’œil ou des hommages. Il y a notamment de nombreuses références directes à Robert Bresson, et à un autre maître, qui lui aussi magnait avec le plus grand talent le juste équilibre entre dérision et émotion, le grand Charlie Chaplin.
Je pense à une scène où Ansa, devenue ouvrière, est assise et mange un sandwich… On dirait une image tirée des Temps modernes qui aurait été colorisée.
Et puis bien sûr, il y le chien (qui peut briguer la Palm Dog – en concurrence avec le Border Collie d’Anatomie d’une chute) recueilli par Ansa dont on apprend le nom sur la toute fin… Chaplin.
Tout est là, dans Les feuilles mortes, placé à la perfection – de la musique à la photo et bien sûr aussi dans le remarquable casting typiquement finlandais. Voilà donc un film qui a du cœur et qui, je l’espère bien, séduira les différents Jurys d’une manière ou d’une autre.