Les gouttes de Dieu, à voir actuellement sur Apple TV+ (et donc aussi par la plateforme de Canal +), est une mini-série en huit épisodes qui se démarque des nombreuses séries existantes. Elle se situe, dans la manière de traiter son sujet, dans la même lignée que Le jeu de la dame, en son temps. Ici les échecs sont remplacés par l’œnologie, mais la compétition demeure prenant presque une tournure de thriller, au milieu de vignes et de paysages absolument magnifiques et toujours, bien sûr, le verre de vin à la main.

Adaptée d’un manga éponyme, la série s’éloigne de la source en centrant l’histoire autour d’un œnologue français renommé au lieu d’un œnologue japonais. Yutaka Kanzaki a été remplacé par Alexandre Léger (Stanley Weber), créateur du célèbre Guide Léger des vins et figure tutélaire de l’œnologie. Mais comme dans le manga, cette icône du monde du vin vient de disparaître, laissant derrière lui une fille, Camille (Fleur Geffrier), et un fils spirituel, Issei (Tomohisa Yamashita).

L’intrigue, qui pourrait s’apparenter à celle d’un programme de télé-réalité, est alors assez bien vue : à la lecture du testament, ces deux challengers prédéterminés devront s’affronter au cours de trois séries d’épreuves afin d’être désignés héritiers de sa vaste collection de vins d’une valeur inestimable.

À première vue, ces deux-là ne pourraient pas être plus différents. De plus, le duel portera sur leur connaissance du vin et Camille ne boit pas une goutte d’alcool… Entre les défis proposés et le tour du monde qui s’en suit, les menant en France, en Italie, en Thaïlande et bien sûr à Tokyo, nous en apprenons plus sur leurs histoires respectives et sur la façon dont le passé influencera le présent qui se construit là pour les deux jeunes adversaires.

Le réalisateur Oded Ruskin tire pleinement parti de tous les lieux pittoresques, nous donnant envie de réserver un voyage pour nous promener dans ce sublime vignoble bordelais ou visiter la cave ancienne d’un petit village italien. Mais nous ne sommes point dans un unique jeu d’apparence ou d’esthétique qui aurait oublié toute substance.

L’écriture, le jeu des acteurs, la mise en scène et la cinématographie sont tous à la hauteur.

Geffrier et Yamashita ont parfaitement compris leurs personnages complexes et restent fidèles à ce qu’ils sont, même s’ils changent. Les intrigues secondaires impliquant d’autres personnages – les parents dysfonctionnels d’Issei tout comme les nouveaux amis Tokyoïtes  de Camille – sont également bien développées et contribuent à faire de ce film une expérience extrêmement agréable.

Les gouttes de Dieu est à voir comme un portrait psychologique assez unique et plutôt sophistiqué. C’est même une expérience que je qualifierais de sensuelle, pleine d’émotions avec ce petit côté thriller passionnant autour du vin.