À travers un parcours passionnant qui va du XVe au XXe siècle, l’auteur des « Hommes lents », Laurent Vidal, analyse la place de la vitesse et du rythme dans l’avènement des Temps modernes.
La modernité occidentale est liée à l’essor d’une classe sociale que l’auteur appelle la bourgeoisie conquérante. Cette dernière, dans sa volonté de conquête et d’enrichissement, a mis en place, progressivement, un ensemble de normes sociales destinées à rendre ce projet efficace. Ces normes s’enracinent dans une théologie chrétienne médiévale qui disqualifie la paresse (« péché capital ») et trouvent une forme d’accomplissement dans les « sociétés métronomiques ».
Ces dernières, qui suivent la Révolution industrielle, voient arriver les horloges/chronomètres au travail. Pour augmenter l’efficacité des ouvriers et surmonter leur supposée paresse, la bourgeoisie rationalise, encadre, et impose de nouvelles cadences à l’organisation du travail ; elle impose, via le taylorisme, une optimisation, scientifiquement étudiée, du temps et des gestes. Il s’agit, en plus de rentabiliser le temps, de corriger l’inattention, puis de discipliner les corps de telle sorte qu’ils s’adaptent au tempo des machines. Cette structuration du temps envahit […]