C’est à une véritable plongée – si l’on ose dire – dans une ville antique que nous convie l’exposition qui couronne 20 ans de fouilles en Égypte. Divers évènements géologiques ont englouti la ville de Thônis, appelée aussi Héracleion, et Canope, située à quelques kilomètres, où se rendait la procession en l’honneur d’Osiris. L’Institut du monde arabe a été choisi pour mettre en valeur, par une scénographie originale, les découvertes majeures faites par Franck Goddio et ses équipes. L’Institut se veut en effet la vitrine de toutes les cultures du monde arabe, y compris, bien sûr, celles qui précèdent l’arrivée de l’islam sur ces territoires.
Un mythe fondateur
D’emblée, le visiteur est entraîné dans le monde sous-marin et les secrets du culte d’Osiris, dont une partie était réservée aux seuls prêtres. Derrière d’immenses parois de tulle, une statue monumentale d’Hapy, le dieu du Nil, rappelle que tout vient du grand fleuve. Osiris fut tué par son frère Seth, qui démembra son corps en 14 morceaux avant de les jeter dans le Nil. Isis, son épouse-soeur aimante, retrouva toutes les parties du corps qu’elle rassembla et à qui elle rendit la vie, grâce aux rites de momification qu’elle inventa pour lui. Osiris est donc un des rares dieux de l’Antiquité mort et ressuscité, apportant aux hommes l’espoir d’une vie éternelle. Son culte est toujours étroitement lié au Nil, puisque les mystères célébrant sa résurrection avaient lieu au printemps, lors de la crue qui redonne la fertilité à la terre.
Des villes englouties
Héracléion et Canope ont existé du VIIIe siècle av. J.-C. jusqu’à leur engloutissement au VIIIe siècle de notre ère. Après la présentation des villes, on entre dans le coeur du sujet avec la description des mystères, autour des très nombreux objets remontés à la surface et soigneusement restaurés. Un protocole précis entoure le culte officiel, avec de nombreux éléments exposés : vaisselle liturgique, sistres, barques de processions, brûle-encens. Il y a aussi de multiples plats à offrande, tous étaient utilisés pour Osiris.
Pour compléter l’exposition, quelques oeuvres d’art prêtées par les musées égyptiens s’offrent à l’admiration du public, dont un splendide Osiris qui s’éveille en souriant. Enfin, la dernière partie du parcours nous entraîne sur la postérité du culte jusqu’à sa disparition avec l’arrivée du christianisme en Égypte. Il faut souligner le très grand soin mis dans la scénographie grâce notamment à de superbes éclairages, qui donnent au visiteur l’impression de s’immerger avec les archéologues-plongeurs. Un documentaire sur grand écran montre d’ailleurs comment procèdent ces campagnes de fouilles particulières. À l’heure où tant de chefs d’œuvre sont menacés ou déjà détruits au Proche-Orient, il est réconfortant de voir que l’Égypte reste fière de son passé et qu’elle continue à encourager les recherches ainsi qu’à prendre soin des trésors qui ont traversé les siècles.
Osiris, mystères engloutis d’Égypte, jusqu’au 31 janvier à l’Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve. Ouvert mardi, mercredi et jeudi de 10h à 19h, vendredi de 10h à 21h30, samedi et dimanche de 10h à 20h.