« Suffragettes », ce mot utilisé par certains – et même certaines ! – au mieux avec ironie, au pire avec mépris ou comme insulte, est attribué à des femmes qui défendent leurs droits et ne renoncent jamais à l’idée que, même si elles sont différentes de l’homme, elles sont des êtres humains à part entière et doivent bénéficier des mêmes droits (et être soumises aux mêmes devoirs) que les hommes. C’est ce thème qu’a traité, à travers l’histoire du droit de vote des femmes en Angleterre, la réalisatrice Sarah Gavron. C’est la première représentation sérieuse de ces évènements au cinéma. Et il fallait bien une sensibilité féminine pour rendre cet hommage chaleureux et vibrant à ces pionnières qui doivent rester un exemple pour nous, femmes du XXIème siècle, tant il est vrai que dans ce domaine rien n’est jamais acquis.
C’est à travers l’histoire fictive d’une ouvrière du textile, Maud, magnifiquement interprétée par Carey Mulligan, dans le Londres d’avant-guerre (1912) que la réalisatrice nous fait revivre la lutte de ces femmes qui avec courage et détermination ont bravé les critiques cinglantes de leurs proches, de leurs voisins, et les réprimandes de leurs maris, qui ont perdu leurs enfants, leur vie personnelle et risqué de perdre leur vie tout court pour sortir d’une situation où les droits élémentaires de l’être humain leur étaient niés, d’une situation de soumission totale à leur mari, c’est lui qui décide de tout y compris pour les enfants, et de soumission à leur employeur, qui exerce son droit de cuissage à volonté. Elles sont moins payées que les hommes (c’est aujourd’hui encore le cas !) et travaillent plus longtemps. […]