Il se trouve que viennent de paraître deux livres qui racontent deux expériences presque contemporaines, à la fois différentes et ressemblantes, et qui ont pour théâtre le nord du Texas. L’un s’appelle Allons en Icarie et l’autre, en anglais, Sabotaged, de James Pratt.
Ce livre commence par un rappel de la vie et de la pensée de Cabet (1778-1856), avocat, publiciste, défendant les républicains sous la monarchie et qui ainsi dut s’exiler en Grande-Bretagne de 1834 à 1839. Là, il rédigea une fiction uchronique : il imagina une communauté communiste harmonieuse dont justice, morale, tolérance, fraternité seraient les guides philosophiques. Rentré en France, il lança le journal Le Populaire destiné à diffuser ses idées grâce à un réseau de fidèles Icariens, même au-delà des frontières. Aussi quand en 1847 il lança : « Allons en Icarie », les candidats au départ se pressèrent. Chacun devait apporter 600 francs, ce qui représentait environ un an de salaire d’un ouvrier. La plupart des partants étaient des artisans et quelques professions libérales.
Tous avaient en commun d’avoir été inquiétés pour leurs idées politiques. Le premier départ est à la fin de janvier 1848, et les futurs colons débarquent à la Nouvelle-Orléans le 27 mars 1848. Ils doivent rejoindre le nord du Texas, au nord-ouest de Dallas. Très vite ils affrontent les difficultés de la traversée de cet État sans route sur des chariots de fortune, manquant de provisions, assaillis par les moustiques, etc… D’autres pionniers vont arriver en mai et devront aussitôt […]