Petit bijou de film d’animation, « Parvana, Une enfance en Afghanistan » est le troisième long-métrage du studio irlandais Cartoon Salon (Le Chant de la Mer en 2014 et Brendan et le Secret de Kells en 2009), avec Angelina Jolie comme productrice.
Parvana a onze ans et n’a jamais connu son pays autrement qu’en guerre. Une guerre de cauchemar qui interdit aux femmes de sortir non voilées ou sans l’escorte d’un homme, père ou mari. Assez grande pour être soumise à ces interdits, Parvana doit pourtant trouver une façon de les contourner. Car depuis que les talibans ont emprisonné son père, c’est sur elle seule que repose la survie de la famille…
Parvana est l’adaptation du roman éponyme de l’écrivaine canadienne Deborah Ellis, qui s’était elle-même inspirée pour créer son personnage principal d’une enfant afghane qu’elle avait rencontrée dans un camp de réfugiés au Pakistan. Ce film a remporté le Prix de la meilleure musique, le Prix du Jury et le Prix du Public au Festival d’Annecy 2018. Il est utile aussi de noter que tous les personnages du film sont doublés en français par des comédiens iraniens et afghans vivant en exil en France, ce qui apporte aussi, sans nul doute, un certaine authenticité qui se ressent.
Une histoire évidemment difficile et triste par son scénario et le contexte raconté qui nous plonge au cœur de ce véritable drame humain que ce joug taliban. Une histoire d’ailleurs qui nous rappelle à certains égards celle d’un autre magnifique film, Timbouktou. Et ce rapport d’ailleurs va jusque dans la façon intelligente de traiter le sujet sans tomber dans les clichés et poncifs possibles. Alors c’est d’abord la musique et plus généralement l’illustration sonore remarquable qui est à souligner. Et puis, astucieusement, le poids du sujet est allégé par l’utilisation d’un conte à l’intérieur même de l’histoire de Parvana. En effet, tout au long du film, l’enfant nous raconte l’histoire féerique d’un héros qui doit combattre le méchant Roi Éléphant. Comme on a déjà pu le voir dans le film d’animation Le Prophète ou la dernière adaptation du Petit Prince, plusieurs techniques de l’animation sont utilisées et ainsi, les parties contées offrent un visuel totalement différent du reste du métrage, ce qui confère un changement d’ambiance agréable et amplifie la touche de légèreté et de magie tout en utilisant la technique de la métaphore du conte.
Il faut souligner d’ailleurs que la lecture, les livres, les contes et donc, par là-même, l’éducation et l’enseignement, constituent un des sujets importants traités par Parvana, car interdits, et plus particulièrement encore aux femmes, sous ce régime. N’oublions pas que le père est ici professeur et que l’enfant elle-même assumera un rôle de scribe, ce qui deviendra un moment clé de son histoire. C’est aussi le pouvoir de la Parole qui est en enjeu et qui devient source d’espérance, on ne plus fondamentale dans un tel contexte de vie.
Sans dévoiler quoi que ce soit, j’ai beaucoup apprécié aussi la fin, intelligemment ouverte comme il le fallait, me semble-t-il. Vous l’aurez compris, Parvana est un film d’animation particulièrement beau et inspirant qui mérite vraiment d’être vu. C’est en tout cas ce à quoi je vous encourage vivement. Et si vous souhaitez aller plus loin et éventuellement le travailler avec un groupe (d’enfants ou d’adultes), un dossier pédagogique est disponible en téléchargement ici.