« Nous survenons au beau milieu d’une conversation commencée avant nous », écrivait Ricœur dont Olivier Abel fut non seulement l’élève mais aussi l’ami. La naissance nous jette à la fois dans l’histoire et dans les aléas du hasard. Splendeur de l’incarnation qui met devant le nouveau-né la possibilité de jouer sa partition, elle se retourne parfois en angoisse de l’incarcération d’être coincé en soi-même et voué à la mort. Mais la désolation de notre finitude trouve sa consolation dans la merveille qu’est la pluralité des existences, des formes de vie.
Chacun se trouve l’obligé de sa naissance, et transforme par son existence le hasard brut en hasard consenti. En faisant de la naissance la racine perpétuellement renouvelée de la démocratie, Olivier Abel nous offre une superbe méditation existentielle et politique où chaque naissance change quelque chose pour soi (évidemment !) mais aussi pour le monde.