Dans les premiers chapitres du livre de Munther Isaac, beaucoup de questions surgissent. Sur cette terre où, aujourd’hui, plusieurs ethnies revendiquent une place, à qui appartient-elle ?
Peut-on y parler d’une terre promise pour l’État d’Israël moderne ? Peut-on y parler d’une terre sainte dont se réclament trois religions ? Comment ? – Qu’en est-il de mon prochain juif ? De mon prochain musulman ? Qu’y signifie la vocation à être “artisans de paix”, selon les béatitudes de l’Évangile ? – En quoi consiste l’espérance, alors que tout espoir a réellement disparu ? Quelle place faire aux souffrances engendrées ? – Où est le Christ ? À Bethléem ? À Jérusalem ? Aux checkpoints (postes de contrôle) ? Sous les décombres de la Bande de Gaza ?
Pourquoi cette neutralité silencieuse des institutions chrétiennes occidentales face au « sionisme chrétien » qui affirme que l’État d’Israël contemporain est l’accomplissement des prophéties bibliques, quelle que soit sa politique ? Ce courant de pensée fait une lecture littérale des textes du Premier Testament faisant état du don de la terre à son peuple Israël, tout en taisant les lois sacerdotales du Jubilé (livre du Lévitique, 25) et les textes prophétiques, qui font place à l’étranger, à l’esclave, au pauvre, à la veuve et à l’orphelin dans le pays.
Ces convictions se répandent plus ou moins explicitement dans de nombreuses Églises évangéliques à travers le monde. Leurs partisans exercent une influence majeure sur la politique d’États comme les États-Unis d’Amérique. Il est temps de le dénoncer et de le réfuter théologiquement dans la vie ecclésiale. Ce livre fournit les éléments nécessaires pour cette démarche.
Le conflit israélo-palestinien est un exemple des tragiques conséquences de l’usage des références religieuses dans la vie politique et de l’immixtion des convictions spirituelles dans l’exercice du pouvoir, soit que l’idéologie religieuse influence les gouvernants, soit que les détenteurs du pouvoir utilisent à leur convenance les […]