« Tant que j’en aurai le désir et la force, je continuerai à jouer ce rôle d’ « éclaireuse »…, et, pour reprendre un terme à la mode, de « lanceuse d’alerte ». (p.17)

Elle rue dans les brancards et nage à contre-courant de la société, la psychologue clinicienne Marie de Hennezel ! Bien qu’elle ait passé une grande partie de sa vie à accompagner des mourants, elle est loin de se considérer comme une spécialiste de la vieillesse et de la mort, et se refuse à voir la vieillesse comme une fatalité, un naufrage ou un désastre. Avec vigueur, elle appelle nos sociétés modernes à opérer une véritable révolution en profondeur, « révolution du regard, révolution sanitaire, révolution des solidarités. » (p.159-160)

Dans cet entretien prenant avec le grand reporter Olivier Le Naire, elle énonce sa philosophie de la vie et de la mort, et critique « l’aide active à bien mourir » en énonçant d’autres options qui sont à notre portée d’hommes et de femmes modernes, comme, entre autres, la solidarité intragénérationnelle ou les soins palliatifs.   Elle invite ses lecteurs non seulement à bien vivre, mais aussi à bien vieillir et même à bien mourir.  Il faut « faire alliance avec son corps au lieu de penser qu’il nous trahit » (p.95), affirme-t-elle. Car, au bout du compte, la vieillesse est une chance pour ceux qui y arrivent.

Et d’appeler « les vieux à faire de la résistance », et, au lieu de se réfugier dans le déni, à ne pas se laisser écraser par les impératifs injustes d’une société dominée par un jeunisme exacerbé. Il faut qu’ils brisent les tabous, prennent leur destin en main avec énergie et motivation en imaginant de nouvelles manières de bien vieillir, et ainsi vivre la dernière partie de leur existence en paix avec soi et avec les autres.

Elevée dans un milieu catholique traditionnel, attirée par les spiritualités orientales, et admiratrice de Taizé, Marie de Hennezel se veut cependant être libre de toute attache religieuse officielle, et présenter une approche laïque du bien vieillir en toute sérénité. Cette sérénité s’apprend, dit-elle, elle se travaille, elle s’entretient. « Plus on avance en âge […]