Bien qu’il soit très savant, ce livre se lit facilement du fait de son intérêt car il recoupe l’histoire politique, coloniale, militaire de 1870 à 1962, traversant trois guerres générales et plusieurs guerres coloniales. Ces troupes représentent une arme complexe qui à plusieurs reprises a changé de nom, d’attribution, mais elles ont été un instrument de la souveraineté de la France, un symbole de puissance créé après la défaite de 1870.
Beaucoup de troupes ont des caractères spécifiques, mais comme elles combattent ensemble dans les campagnes militaires, il est difficile de préciser ce qui les distingue ; on dit alors « armée coloniale ». Quelquefois on les appelle « troupes de marine », alors qu’elles ne dépendent pas du ministère de la Marine ; ce sont des troupes formées par le ministère de la Guerre.
Ce qu’on appelle « armée d’Afrique », et qui embarque sur les navires de la Royale, est en fait une formation métropolitaine, installée en Afrique du Nord. Plus constante est la distinction entre Coloniale blanche, avec ses officiers convaincus, et troupes de couleur. Ces appellations variées traduisent leur difficulté à trouver leur place dans l’Armée et la société française ; elles dépendent des politiques menées par la France, dans sa diplomatie, ses conquêtes territoriales ou les campagnes de « pacification ».
Officiellement, la Coloniale est née en 1900. Elle a gardé ce nom jusqu’en avril 1958 pour s’appeler un temps « troupes d’outre-mer » En 1961 elles reprennent leur appellation de « troupes de marine ». Enfin, en 1966, elles fusionnent avec l’armée métropolitaine. Ce fut un outil politique par excellence au service de la diplomatie française et de sa politique de conquête coloniale, constitué de corps d’élite ayant reçu une formation spécifiquement coloniale, défendant leur autonomie au sein de l’armée française et soutenus politiquement par un dynamique « parti colonial ».
L’Empire renforçait le poids d’une France affaiblie par rapport à l’Allemagne. C’est à partir de l’Empire que la France Libre a pu intervenir dans la guerre. Mais au sortir de cette guerre, la France s’engage dans des structures supranationales, l’Europe, l’OTAN, rivales de l’Empire. Sa disparition […]