Dans les gares autrefois traînaient des romans que l’on disait conçus pour le voyage : pas d’effet, de l’action, du divertissement contre le roulis des bogies. Plutôt que Paul Claudel, André Gide ou James Joyce, des crimes, de l’argot, du whisky, sainte trinité de la « Série noire », collection qui devait son nom à Jacques Prévert et qu’avait inventée Marcel Duhamel. Pourtant, certains auteurs américains de « policiers » – le terme polar étant alors tenu pour vulgaire – pouvaient tenir la comparaison avec Hemingway, Faulkner ou Steinbeck. À lire Chandler, Hammett, on pouvait se cultiver.
C’est en suivant ce chemin qu’un homme à l’âme tourmentée devint l’un des plus grands écrivains français. Jean-Patrick Manchette est mort voici trente ans, mais il demeure une référence. On peut même considérer que le rayonnement de son œuvre s’accroît. Nicolas Le Flahec, docteur en littérature et chercheur associé à l’université de Limoges, lui consacre un ouvrage intitulé […]