Le 9e art peut-il faire comprendre sans tout montrer ? Diane Morel, dessinatrice, et Amandine Penna, scénariste, ont réalisé Le Silence du juju, magnifique album mis en lumière par le cercle Charles-Gide. Il retrace le parcours de Faith, adolescente nigériane obligée par des réseaux de se prostituer en France et qui va, fort heureusement, s’émanciper. Donner des couleurs à la tragédie sans la rendre jolie, voilà qui demande à la fois de la rigueur et du talent.
« Je travaille d’habitude à l’aquarelle, sur des livres pour enfants, nous explique Diane Morel, dont c’est le premier ouvrage de cette ampleur. Mon style me porte au réalisme poétique, et j’aime dépeindre les visages afin de faire deviner les sentiments intérieurs. Une telle méthode me plaçait dans une disposition favorable pour un tel sujet. » Le livre n’est certes pas destiné aux enfants, mais Diane Morel et Amandine Penna ne voulaient pas dévoiler la misère des migrations clandestines et de la prostitution dans toute son horreur. Une transposition s’imposait. « Par la tonalité […]