En se penchant sur les maladies infectieuses, l’historien Gaëtan Thomas s’étonne d’un paradoxe : bien que cette intervention de santé publique connaisse un grand succès, avec des taux de vaccination toujours extrêmement élevés, elle est constamment saisie sous le prisme de la crise et de la contestation. Intrigué par ce phénomène, il entreprend d’explorer les mécanismes qui ont permis à la vaccination de s’ancrer dans la durée et de surmonter les polémiques. Quelles stratégies ont été déployées au fil des années pour maintenir le consentement ?
« Dans les décennies qui ont suivi la guerre, une époque où la médecine occidentale régnait en maître incontesté, les médecins ont réalisé que la vaccination était l’outil le plus simple pour combattre les maladies infectieuses. Cependant, ils ont vite compris qu’il fallait travailler sans relâche pour que ce dispositif qui prenait de l’ampleur soit accepté et intégré dans la vie quotidienne des individus. À partir de la fin des années 1950, une stratégie fondamentale a été d’organiser la plupart des vaccinations de manière systématique au cours des premiers mois de la vie du nourrisson. Durant cette période, l’autorité des médecins est élevée car les parents sont préoccupés par la santé de leur enfant. De plus, la petite enfance est jalonnée de multiples étapes et consultations médicales, ce qui facilite l’ajout d’une injection dans ce temps fractionné », explique Gaëtan Thomas.
Reconnaissances d’effets secondaires rares
À partir de 1964, l’État a ensuite entrepris d’améliorer la prise en charge des accidents médicaux […]