Comment l’Église (chargée d’apporter l’évangile) a pu, au cours des siècles, supporter et même profiter de l’esclavage des populations noires ? C’est pour répondre à cette question qui l’obsédait que Patricia Jean-Marie s’est lancée dans cette étude. Pour mettre en valeur ces terres tropicales des Îles et les exploiter, la traite des Noirs d’Afrique s’est révélée nécessaire pour remplacer les autochtones caraïbes décimés par les maladies, ainsi que les « engagés » Ceux-ci étaient recrutés parmi les Blancs sans ressources et vagabonds, avec un contrat de 36 mois, sans aucun droit civil et traités comme des esclaves (ou pire !). Cette institution, d’ailleurs insuffisante en nombre, a été supprimée en 1774.

Les Îles sont des lieux où des Européens viennent faire fortune, rapidement si possible, les missionnaires comme les autres. Les esclaves noirs ne sont que des instruments nécessaires à leur enrichissement. Les colonies instituent une stricte séparation des deux « races », la minorité coloniale qui tient le pouvoir et la masse asservie. À Saint-Domingue, 30 000 Blancs commandent à 300 000 Noirs. S’appuyant sur la religion, l’Église soutient les colons. Quand, à la fin du XVIIIe siècle, se développe une campagne antiesclavagiste, en France et en Grande-Bretagne, les […]