Publié en 1948, l’ouvrage vient d’avoir deux rééditions posthumes en deux ans, 2023 et 2025 ; signe de son importance à 77 ans de sa première publication, alors que les Églises sont de plus en plus soucieuses de se faire entendre en matière de problèmes de société (guerre et paix, violences, racisme immigration, identités sociales et culturelles, etc.). Mais si le témoignage des chrétiens est nécessaire dans les affaires du monde, encore faut-il être au clair quant à ses motivations profondes, ses objectifs, et ses limites.

Dans les deux premiers chapitres, l’auteur rappelle la problématique fondamentale du message évangélique. Le Christ Jésus est venu témoigner du Royaume des cieux (de Dieu) où l’humain et le divin se conjuguent, tandis que « le Prince de ce monde », c’est Satan. Aussi les chrétiens vivent-ils dans le monde, mais ne sont pas du monde, et ils se trouvent radicalement dans une « situation révolutionnaire », avec ses conséquences. Mais ils ne sauraient s‘identifier à l’un ou l’autre des programmes révolutionnaires survenus dans l’histoire passée ou actuelle, qui sont tous « de ce monde ». Si bien qu’ils vivent en tension permanente entre leur qualité de citoyens du monde avec toutes ses responsabilités et solidarités, et le fait d’avoir autre chose à proposer dans le temps présent. Tous leurs engagements se vivent dans cette double tension : aucune […]