« Tu es à l’âge où le coup de fil qui te rendra orpheline fait partie de ce que l’on nomme l’ordre des choses. » Mais où est l’ordre et que sont les choses quand on apprend par téléphone que son père a été victime d’un AVC « massif » ? Marion Muller-Colard, écrivaine, philosophe, éthicienne, théologienne et éditrice (elle dirige les éditions Labor et Fides à Genève), entreprend le récit somptueux, sur la brèche, de l’effondrement ressenti face à ce père « plus tout à fait vivant, pas tout à fait mort ».

Il faut la grâce littéraire de l’écrivaine pour relater, avec pudeur et crudité, la déflagration chez soi, la dégradation du père aimé, la froideur de l’environnement hospitalier, l’épuisement devant les incessants retournements de situation (son état s’améliore, puis empire, la fin approche), et dire le secours de la musique et des mots, ceux de l’Évangile comme ceux de […]