L’entrée dans Paris, sans remonter jusqu’au Déluge, Henri IV ou La Carmagnole, ce n’était pas rien : le chant des pavés vous disait que les prairies n’étaient plus qu’un regret, les cafés de banlieue des illusions perdues. Colette Fellous a croqué la capitale en 1967, dans le quartier Soufflot. De ce premier voyage elle a cueilli des impressions comme des fleurs, un apprentissage, mais rien qui fût aussi puissant que le parfum de ses origines, la Tunisie. Quelques fleurs est le titre de son nouveau livre. Il est paru chez Gallimard et garantit sur tranche une littérature en corolles. « Écrire et chercher dans les fleurs ? Oui, c’est ce que je voudrais. Non pas les décrire mais dévoiler ce qui s’est déroulé devant elles car elles ont été les grands témoins de notre respiration, de notre corps, de nos sensations, de nos peurs et de nos plaisirs. Tout ce qui était autour d’elles pourrait revivre, il suffirait de suivre la cadence. »
On a compris que l’intime est la grande affaire de ce récit. Mais l’égocentrisme en est absent, tout comme l’explicite. Et c’est précisément la réussite d’une telle entreprise : nous en devenons, par notre imagination même, les complices. Nous avons peur, ainsi, lorsqu’un des frères de Colette Fellous a le comportement d’un diable véritable, ou […]