C’est un sarment de livre. Quelques pages tout au plus. Signées Marie Manen. Cette femme, voici plus de cent ans, considéra de son devoir d’accompagner son père, ancien prisonnier de la Grande Guerre, à Saint-Martin-de-Lansuscle dont il avait été, dont il allait redevenir le pasteur. À la vie comme à la pierre, la commune se dépeuplait. Sur un cahier d’écolier, Marie consigna ce qu’un berger lui racontait. Scrupuleuse, attentive à l’entrelacs des mots – bibliques, classiques ou de patois –, elle a construit le récit.

« Lentement, gravement et en vrai Cévenol, presque comme à regret, il me fit découvrir sa vie intérieure et je restai confondue d’admiration en constatant combien elle était intense », écrit Marie. Quelques […]