Lorsqu’en 2246 des étudiants se pencheront, dans une bibliothèque – mais si ! les bibliothèques existeront toujours –, sur la littérature française de l’année 2024, ils ouvriront le livre Tout ce que le ciel promet de Julie Estève et Agnès Vannouvong. « Tiens, dira l’une, regarde ce que je viens de trouver… » Son camarade, aussitôt, lira : « J’ai 45 ans, et j’enseigne à l’université de Genève. Je suis écrivaine, je le dis même à mon plombier ou quand je descends acheter un croissant, comme si ça me sauvait de tout. » Quelques pages plus loin, ceci : « Pierre est l’une des personnes les plus drôles que je connaisse. C’est un conteur-né : juste avant toi Vannouv, j’ai reçu une bourge. Coinços. Chiante. Qui bosse dans l’immobilier. Elle vit au Vésinet. 50 ans, mariée à un thon. Un amant, classique. Tailleur, escarpins – la totale. »

Aussitôt les deux jeunes chercheurs voudront comprendre. Ils traduiront « coinços » et découvriront que ce livre à deux voix avait été écrit par deux jeunes femmes ayant vu le jour à la fin du vingtième siècle et vivant, quand l’ouvrage était paru, dans des quartiers de Paris qui semblaient […]