Après Le Consentement de Vanessa Springora et La Familia grande de Camille Kouchner, la publication de Triste tigre a provoqué une nouvelle onde de choc, en mettant en avant la question du viol. Dans les années 1990, Neige Sinno a vécu une vie de bohème dans une famille de néoruraux près de Briançon, dans les Hautes-Alpes. Elle a été violée régulièrement par son beau-père de 7 à 14 ans. Adolescente, elle a réussi à quitter le foyer. Mais c’est à 21 ans qu’elle sort du silence et porte plainte avec sa mère, souhaitant ainsi protéger sa sœur. Elle choisit délibérément un procès public plutôt qu’un huis clos. Reconnu coupable, l’homme a été condamné à neuf ans de prison, mais n’en a effectué que cinq.
Témoignage, roman, essai ? Difficile de classer ce texte à la forme composite. Il s’agit avant tout d’une tentative de comprendre ce que cet homme lui a fait subir, sonder ce qui se passe dans la tête du bourreau, dire l’impossibilité de le cerner objectivement. Cette première partie est suivie d’une réflexion d’une lucidité impressionnante qui analyse comment vivre avec le traumatisme, comment […]