Michka Assayas publie cet automne Une mère en fuite. Ce livre échappe au règlement de comptes aussi bien qu’à l’éloge. Il tente, à pas comptés, de faire comprendre une femme insaisissable. « Pendant le déjeuner, ma mère nous observe. Elle nous scrute alors que la conversation est lancée sur les sujets qu’elle a imposés à partir de ses marottes du moment. » Catherine de Karolyi (« elle a préféré garder le nom de son premier mari, plus élégant que celui de notre père », écrit l’auteur), après avoir fondé son atelier de confection, est devenue styliste chez Hermès. Elle est française d’origine hongroise et, devinez quoi ? Mais oui, vous avez deviné. Voici le pédigrée du grand-père : « le choix de la foi calviniste qu’il avait héritée et transmise à ma mère (qui aimait dire “Nous autres protestants…”) aurait été le propre des populations hongroises rebelles au pouvoir catholique de la monarchie autrichienne des Habsbourg ». Pas de temple, mais un culte véritable à Marcel Proust ainsi qu’aux Évangiles.
Tout bon récit possède un point de bascule. Ici, c’est la relation que la mère de l’auteur entretient avec un écrivain-ministre de haute volée. « Quoi […]
