Les archives à l’infini donnent des idées de roman. La fréquentation des cartulaires inspira Le Nom de la rose au sémiologue Umberto Eco, l’avis de recherche d’une jeune fille de religion juive en 1941 Dora Bruder à Patrick Modiano. Le succès de ces ouvrages a rendu familière aux lecteurs la traversée des frontières entre science et littérature. Une sale Française, de Romain Slocombe, s’inscrit dans ce genre nouveau. L’auteur mène l’enquête au sujet de deux femmes dont les activités coupables pendant la Seconde Guerre mondiale lui sont révélées par courriel. « Troublé, je commençai à lire. L’une semblait une vraie garce nazie, l’autre une fille de concierges qui, en des circonstances moins singulières, serait restée une ménagère sans histoires. » Destins croisés ? Pas vraiment : tout au long du livre, on se demande si ces deux femmes, qui portent le même prénom, possèdent les mêmes initiales, ne composent pas une seule et même personne. On allait ajouter « en réalité » mais, justement, la réalité […]